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Echo de la rencontre
Comme il n’y a qu’un Code de la route, il n’y a qu’une laïcité
Deux libres penseurs à l’aumônerie (évêché) de Digne ce 12 mai 2017.
Après un sympathique et copieux repas, offert par le vicaire-cuisinier Guillaume, pris en commun avec les jeunes et leurs deux aumôniers, les libres penseurs Marc et Morgan, mandatés par la fédération départementale de la Libre Pensée, ont, comme convenu, présenté aux jeunes de l’aumônerie des lycées publics et privé de Digne ce qu’est vraiment la laïcité institutionnelle, écartant les délires, fantasmes, contre-vérités et autres mensonges en vogue particulièrement chez nos gouvernants de droite comme de gauche depuis quelques années, avec une surenchère hystérique depuis les barbares attentats de Paris, Nice, St Etienne de Rouvray etc.
En préambule, les libres penseurs ont remercié le vicaire Guillaume pour son audace d’avoir invité la Libre Pensée à présenter la laïcité et débattre, sachant que la loi de 1905 est leur œuvre. A ce titre, la Libre Pensée et l’Eglise romaine ne sont pas amies mais plutôt historiquement des adversaires implacables. Ils ont remercié les jeunes d’avoir accepté de débattre avec la plus ancienne association laïque de ce pays (1848).
Les libres penseurs et les jeunes débatteurs se sont préalablement mis d’accord sur la définition commune la plus courante de la laïcité : la laïcité consiste dans le respect de la liberté de conscience de chacun ; liberté de conscience qui consiste elle-même dans le droit de croire, de ne pas croire et de changer de croyance.
Ceci étant admis, les libres penseurs se sont attachés, faits et écrits à l’appui, à démontrer la nécessité de séparer le pouvoir politique et les religions, pour préserver la liberté de conscience de chaque citoyen. Leur collusion aboutissant aux pires catastrophes : viol des consciences, manipulations, oppressions, guerres de religions, guerres civiles.
Ainsi, la monarchie « de droit divin » imposait aux sujets du royaume d’avoir la même religion que leur roi. Quid des juifs et autres croyants( voire non-croyants) ?...
Un jeune argue du fait que les juifs étaient souvent assignés au rôle de banquiers et donc n’étaient pas tenus de renier leur religion. Ce qui, répondirent les libres penseurs, ne contredit pas la règle, puisque, au final, les juifs tolérés se voyaient discriminés par les autorités par cette assignation infamante (le crédit et l’usure condamnée par Aristote et les écritures, leur étaient dévolus évitant ainsi aux autorités de se « se salir les mains avec l’argent », ce « crottin du diable » selon François d’Assise)…
- Louis IX et les juifs obligés de porter la « rouelle » pour les distinguer du reste de la population. Réserve bien commode de boucs-émissaires suivant les besoins du moment pour contenir les colères populaires.
-Le massacre de la St Barthélémy, commandité par Catherine de Médicis, mère de Charles IX, contre les protestants qui par leur positions politiques et leur puissance financière (marchands, banquiers etc.) semblaient menacer l’autorité en place.
-Le concordat de 1801, « deal » entre Napoléon et le pape: Je salarie tes prêtres et évêques…; en échange, tu maintiens l’ordre social établi, inégalitaire et oppresseur, voulu par Dieu sur terre, que l’Empire restaurait. Napoléon, cynique, s’en expliquait d’ailleurs ainsi :
“Comment avoir de l'ordre dans un Etat sans religion?…la société ne peut exister dans un Etat sans religion. La société ne peut exister sans l'inégalité des fortunes, et l'inégalité des fortunes ne peut exister sans la religion. Quand un homme meurt de faim à côté d'un autre qui regorge, il lui est impossible d'accéder à cette différence s'il n'y a pas là une autorité qui lui dise "Dieu le veut ainsi, il faut qu'il y ait des pauvres et des riches dans le monde; mais ensuite et pendant l’éternité le partage sera fait autrement…”
Les libres penseurs ont volontairement insisté sur l’instrumentalisation des religions par le pouvoir politique dans l’histoire et aujourd’hui (ministres, hommes et femmes politiques instrumentalisant la religion et la laïcité en la dénaturant pour stigmatiser les musulmans ).
Une jeune évoqua pertinemment le conflit irlandais (catholiques/protestants, drapeaux religieux de l’oppression et de sa résistance...)
La pertinence de la loi de 1905 (articles 1 et 2) portée par la Libre Pensée à la Chambre et la laïcité institutionnelle comme mode d’organisation de la république (ni opinion, ni philosophie, ni religion) a été expliquée, discutée et, manifestement plébiscitée par les jeunes débatteurs, surpris par notre présentation rationnelle et libertaire aux antipodes des discours liberticides actuels.
D’ailleurs, l’un des jeunes à la fin déclara ne pas comprendre en quoi la Libre Pensée et l’Eglise catholique ne sont pas amies, mais des adversaires implacables: « puisque nous sommes d’accords ! », s’exclama-t-il.
L’affirmation d’un jeune selon laquelle si la laïcité n’est pas une opinion, elle est issue d’une opinion et interprétable, a été levée : Comme il n’y a qu’un Code de la route, il n’y a qu’une laïcité.
L’hypothèse d’un autre selon lequel la loi de 1905 ne serait plus adaptée aujourd’hui, avec l’islam, a été levée en rappelant le refus de la République de l’accorder aux 10 millions de musulmans demandeurs dans l’Empire français, en 1907, selon l’exigence de généraux, pour transformer les imams en police coloniale appointée par l’Etat.
Le vicaire a, pour conclure, et c’est de bonne guerre, cherché à démonter notre point de vue antidogmatique en faisant appel au bagage de la casuistique théologique, notamment la théorie catholique de “l’équivalence des thèses” (ou équivalence des hypothèses ).[ex: Galilée a eu le tort, selon l'Inquisition, de choisir l'hypothèse de l'héliocentrisme (Copernic) pour sa simplicité dans le calcul astronomique, plutôt que l'hypothèse d'Aristote en vigueur de la Terre au centre du monde, tout en reconnaissant que les 2 hypothèses ne se contredisaient pas. En faisant ce choix de la rationalité, il s'opposait donc au dogme et devait être condamné...]
A noter la critique cinématographique par une jeune, concernant le film “Agora” (Hypatie d’Alexandrie), fiction ignorant la plupart des faits selon elle... Les libres penseurs ont approuvé la nécessité du doute et de l’antidogmatisme en ne s’appuyant que sur les faits et les écrits.
Le vicaire Guillaume envisage de nous inviter une nouvelle fois, pour poursuivre le débat avec ces jeunes que nous avons trouvés accueillants, sympathiques, plein d’humour, ouverts au débat contradictoire, libres dans leur tête... des jeunes, quoi! Rassurant au possible.
En aparté, sans doute pour ne pas rompre la joyeuse humeur de la soirée, le vicaire nous a fait part de son indignation concernant le communiqué de la FNLP condamnant le financement par C. Estrosi du voyage des catholiques au Vatican après les attentats de Nice. De même le vicaire s’est dit étonné du refus de la mairie de Digne de subventionner l’aumônerie, association cultuelle. Faudrait-il la repeindre en association culturelle pour accéder aux subventions publiques?
Nul doute que dans un éventuel prochain débat, la question du financement illégal des cultes par la République, seulement effleurée ce soir, reviendra au galop, cette fois, avec la loi Debré de 1959.
Le digest laïcité de la LP04
Télécharger « laïcité vade mecum républicain.pdf »
Nota: Il ne faut pas oublier les ''Franchises universitaires" qui accordent aux universitaires et aux étudiants les plus grandes libertés que différents gouvernements souhaiteraient abolir.
L'interdiction du voile à l'université, l'obsession d'un certain premier ministre, revient comme un boomerang à toutes occasions, comme prétexte (ILLEGAL!) à leur suppression.