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Citations par auteur
ALLARD Maurice
Débat à la Chambre 10 avril 1905
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EXTRAIT:
(...)
(...)
Explication du vote de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat
M. Maurice Allard. — Quand M. Briand a dit ici que le projet de la commission était le résultat de la collaboration de la gauche, il avait raison en quelque sens ; mais il faut ajouter que le projet de la com-mission est dû autant à la collaboration de la droite qu’à celle de la gauche ; plusieurs amendements présentés par l’honorable M. Gros-jean et pas un des miens n’a eu cet heureux sort ; l’influence de la droite s’est donc fait sentir beaucoup plus que la mienne.
Quand nous avons voté à la commission le projet définitif, mes collègues Dejeante, Vaillant et moi, nous avons déclaré de la façon la plus formelle que, si nous le votions, ce n’était pas parce que nous l’approuvions, mais afin de hâter la discussion de la séparation des Eglises et de l’Etat devant la Chambre. J’en appelle au témoignage de M. Briand lui-même ; nous avons dit que nous ne pouvions approuver dans le fond le projet de la commission et que nous faisions toutes réserves sur ce fond. Notre situation dans la commission était très difficile : nous n’avons même pas pu, par nos amendements, exposer entièrement notre opinion, car il n’y avait, on ne saurait l’oublier, qu’une voix de majorité dans la commission, et si nous avions voulu faire prévaloir notre opinion et notre manière de voir, nous aurions fait le jeu de nos collègues de la droite ; or, nous avons toujours évité de le faite. Dans ces conditions, nous étions condamnés à voter le projet de la commission. L’heure est venue pour moi de prendre une sorte de revanche et de sortir un peu des obligations dans lesquelles je me suis trouvé pendant deux ans. M. le rapporteur ne m’en voudra donc pas si je fais aujourd’hui devant la Chambre ce que je n’ai pu faire devant la commission où nous étions obligés de voter avec la majorité.
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Aristide BRIAND
Réponse du librepenseur Briand, rapporteur de la loi de 1905 au libre penseur Allard
« S’il fallait donner un nom au projet de M. Allard, je crois qu’on pourrait justement l’appeler un projet de suppression des Eglises par l’Etat. Evidemment, mon ami Allard a le désir très vif que l’Eglise, que la religion elle-même disparaissent. Seulement, au lieu de compter, pour atteindre ce but, sur le seul effort de la propagande, sur la seule puissance de la raison et de la vérité, M. Allard, dans sa hâte d’en finir avec la religion se tourne vers l’Etat et l’appelle au secours de la libre pensée ; il lui demande de mettre l’Eglise dans l’impossibilité de se défendre ; il le somme de commettre, au service de la libre pensée, la même faute qu’il a commise au service de l’Eglise et que nous n’avons jamais cessé, nous libres penseurs, de lui reprocher. »
« Ce qu’ils veulent (les libres penseurs), c’est que vous arrachiez à l’Eglise le bouclier officiel derrière lequel elle peut s’abriter contre les efforts de la pensée libre, ce qu’ils ont le droit d’exiger, c’est que l’Etat les mette face à face avec l’Eglise pour lutter à armes égales.Si vous voulez que la raison libre ait un abri, construisez-le lui, mais n’essayez pas de la faire coucher dans le lit de l’Eglise. Il n’a pas été fait pour elle. »
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Maurice Allard votera pour la loi telle que rédigée par Briand auquel Jaurès avait apporté sa caution et son ralliement.
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...en réponse à des demandes et des craintes d’interdiction des soutanesVotre commission, messieurs, a pensé qu’en régime de séparation la question du costume ecclésiastique ne pouvait pas se poser. Ce costume n’existe plus pour nous avec son caractère officiel, c’est-à-dire en tant qu’uniforme protégé par l’article 259 du code pénal. La soutane devient, dès le lendemain de la séparation, un vêtement comme un autre, accessible à tous les citoyens, prêtres ou non. C’est la seule solution qui nous ait paru conforme au principe même de la séparation, et c’est celle que je prie la Chambre de vouloir bien adopter.” (Applaudissements )____________________________________________________________________________________
...Recours à la religion...
Georges CORM
La question religieuse au XXIe siècle Géopolitique et crise de la postmodernité (p 33-34)
"L’appel occidental à la religion, qu’il s’agisse de l’invocation des valeurs dites judéo-chrétiennes ou du recours aux différents fondamentalismes des Eglises américaines, témoigne bien moins du retour du religieux que de son contraire, le recours à la religion. Ce recours provient de la nécessité de donner un vernis de légitimité à des actions politiques qui, au regard des critères classiques de l’humanisme moderne, tel que façonné depuis la philosophie des Lumières et la Révolution française, en manquaient totalement. (…) En fait, le retour du religieux, loin d’être un phénomène naturel, une réaction quasi biologique aux excès dans lesquels la laïcité aurait conduit lemonde, est un phénomène politique majeur qui n’a de religieux que le nom. Il n’est lié à aucune évolution majeure dans les constructions théologiques et politiques ou dans les expressions de la foi, sinon le regain de lecture littérale de l’Ancien Testament et des Ecritures qui sévit aux Etats-Unis, mais aussi(…) pour d’autres raisons, dans les sociétés musulmanes et le judaïsme."
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Anatole FRANCE
"C'est vous qui lui donnez les armes dont elle vous frappe. Pour les lui retirer, qu'attendez-vous? Administrée par vous, elle domine toujours vos administrations. Rompez les liens par lesquels vous l'attachez à l'Etat, brisez les formes par lesquelles vous lui donnez la contenance et la figure d'un grand corps politique, et vous la verrez bientôt se dissoudre dans la liberté."
in " L'Eglise et la République" 1904
Lettre à l'Humanité
Cher citoyen Cachin,
Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu'il importe de connaître.
On y trouvera sur les origines et la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra, notamment, que la guerre mondiale fut essentiellement l'œuvre des hommes d'argent; que ce sont les hauts industriels des différents Etats de l'Europe qui, tout d'abord la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en elle leur fortune, en tirèrent d'immenses bénéfices et s'y livrèrent avec tant d'ardeur, qu'ils ruinèrent l'Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.Ecoutez Corday sur le sujet qu’i traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent.
« Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs haut s fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image.
Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! » (page163)
Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mouraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes* ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l'ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l'heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes: des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donne, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même , mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux Français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. « L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir, c’est la trahir. »
Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté qu’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces, assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse . « C’est, dit-elle, un signe de progrès, et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles. La haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus. »
Je lui demandai timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :
-Pensez, madame, un peuple entier, c’est grand…Quoi ? Un peuple composé de tant de millions d’individus, différents les uns des autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion.
Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »
Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est faite d’Etats isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.
Notre salut, c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,
Anatole France.
*Victoire de Dumouriez le 6 novembre 1792, six semaines après Walmy.__________________________________________________________________________________________
Augustin (saint)
'' Il y a une forme de tentation encore plus dangereuse, c'est la maladie de la curiosité.
C'est ce qui nous pousse à essayer de découvrir les secrets de la nature, ces secrets qui dépassent notre entendement qui ne peuvent nous servir à rien et que l'âme ne devrait pas aspirer à connaître. "« L'enfer a été fait pour les curieux. »
"Je crois parce que c’est absurde."
"Crois et tu comprendras : la foi précède, l'intelligence suit."
FRANCE Anatole
M.Dubois demanda une fois à Mme Nozière quel était le jour le plus funeste de l’histoire.
Madame Nozière ne le savait pas.
C’est, lui dit M. Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l’art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque.
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Balzac, « Le faiseur », Flammarion 1495, page 47
«Mercadet
…Enfin, qu'y a-t-il de déshonorant à devoir ? Est-il un seul État en Europe qui n'ait ses dettes ? Quel est l'homme qui ne meurt pas insolvable envers son père ? il lui doit la vie, et ne peut pas la lui rendre. La terre fait constamment faillite au soleil. La vie, Madame, est un emprunt perpétuel ! Et n'emprunte pas qui veut. Ne suis-je pas supérieur à mes créanciers ? J'ai leur argent, ils attendent le mien : je ne leur demande rien, et ils m'importunent ! Un homme qui ne doit rien ! mais personne ne songe à lui, tandis que mes créanciers s'intéressent à moi.
Madame Mercadet.
Un peu trop !... Devoir et payer, tout va bien ; mais devoir et ne pouvoir rendre, mais emprunter quand on se sait hors d'état de s'acquitter ! je n'ose vous dire ce que j'en pense.
(…)
Mercadet.
Un homme mélancolique se serait déjà noyé ! Un quintal de chagrin ne paie pas deux sous de dettes... Voyons ! pouvez-vous me dire où commence, où finit la probité dans le monde commercial ?Tenez... nous n'avons pas de capital... dois-je le dire ?
Madame Mercadet.
Non, certes.Mercadet.
N'est-ce pas une tromperie ? Personne ne nous donnerait un sou, le sachant ! Eh bien ! ne blâmez donc pas les moyens que j'emploie pour garder ma place au grand tapis vert de la spéculation, en faisant croire à ma puissance financière. Tout crédit implique un mensonge ! Vous devez m'aider à cacher notre misère sous les brillants dehors du luxe. Les décorations veulent des machines, et les machines ne sont pas propres ! Soyez tranquille, plus d'un qui pourrait murmurer a fait pis que moi. Louis XIV, dans sa détresse, a montré Marly à Samuel Bernard pour en obtenir quelques millions, et aujourd'hui les lois modernes nous
ont conduits à dire tous comme lui : L'Etat, c'est moi !(…) »
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BERNARD Claude
"Dans les discussions et ou dans les explications de phénomènes, il faut toujours bien se garder de sortir de l’observation et de substituer un mot à la place du fait.
Notre langage n’est en effet qu’approximatif et il est si peu précis, même dans les sciences, que si l’on perd les phénomènes de vue, pour s’attacher aux mots, on est bien vite en dehors de la réalité(…). L’esprit a naturellement des tendances systématiques et c’est pour cela que l’on cherche à s’accorder plutôt sur les mots que sur les choses. C’est une mauvaise direction qui embrouille les questions ...."
"La mathématique nous fournit un éclatant exemple de l'ampleur des progrès que nous pouvons faire à priori dans la connaissance, indépendamment de l'expérience...C'est ainsi que Platon quitta le monde sensible, parce que celui-ci impose à l'entendement de si étroites limites, et qu'il s'aventura au-delà de celui-ci, sur les ailes des idées, dans l'espace vide de l'entendement pur."_______________________________________________________________________________________
BONAPARTE (devenu Napoléon I) justifie le concordat de 1801
Comment avoir de l'ordre dans un Etat sans religion?…la société ne peut exister dans unEtat sans religion. La société ne peut exister sans l'inégalité des fortunes, et l'inégalité des fortunes ne peut exister sans la religion. Quand un homme meurt de faim à côté d'un autre qui regorge, il lui est impossible d'accéder à cette différence s'il n'y a pas là une autorité qui lui dise "Dieu le veut ainsi, il faut qu'il y ait des pauvres et des riches dans le monde; mais ensuite et pendant l’éternité le partage sera fait autrement…
C'est en me faisant catholique que j’ai fini la guerre de Vendée, en me faisant musulman que je me suis établi en Égypte, en me faisant ultramontain que j’ai gagné les esprits en Italie. Si je gouvernais le peuple juif, je rétablirais le temple de Salomon. »1710
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Déclaration au Conseil d’État, 1er août 1800
L’Europe et la Révolution française (1907), Albert Sorel.
Principe pragmatique et conception très utilitaire de la religion : il ne faut pas la combattre et la détruire comme les révolutionnaires, mais s’en servir pour affermir l’État et garantir l’obéissance des citoyens au pouvoir civil. Paradoxalement, Danton et Robespierre pensaient de même.
« Si vous ôtez la foi au peuple, vous n’avez que des voleurs de grand chemin. »1761
NAPOLÉON Ier (1769-1821)
Pensées politiques et sociales de Napoléon (1969)
Cette conviction préfigurait le Concordat et la politique religieuse sous le Consulat : « Comment avoir de l’ordre dans un État sans une religion ? » dit le Premier Consul à Roederer (juillet 1800). « Il n’y a pas de bonne morale sans religion […] une société sans religion est comme un vaisseau sans boussole » (juin 1800, aux curés de Milan où il est entré en vainqueur). « Nulle société ne peut exister sans morale. Il n’y a pas de bonne morale sans religion. Il n’y a donc que la religion qui donne à l’État un appui ferme et durable » (Maximes et pensées).______________________________________________________________________________________
BRECHT Bertold
dans L'achat du cuivre (1939-40)
Plus nous arrachons de choses à la nature grâce à l'organisation du travail, aux grandes découvertes, aux inventions, plus nous tombons, semble-t-il dans l'insécurité de l'existence. Ce n'est pas nous qui dominons les choses, semble-t-il, mais les choses qui nous dominent. Or, cette apparence subsiste parce que certains hommes, par l'intermédiaire des choses, dominent d'autres hommes. Nous ne serons libérés des puissances naturelles que lorsque nous serons libérés de la violence des hommes. Si nous voulons profiter en tant qu'hommes de notre connaissance de la nature, il nous faut ajouter notre connaissance de la nature, il nous faut ajouter à notre connaissance de la nature, la connaissance de la société humaine.
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La Résistible Ascension d'Arturo Ui, 1941Modifier
Brecht critique dans cette pièce le régime nazi en transposant l'arrivée au pouvoir d'Adolf Hitler dans le Chicago des années 1930. Arturo Ui est Adolf Hitler et Ernesto Roma est Ernst Röhm ; Chicago représente l'Allemagne et Cicero l'Autriche.
Arturo Ui :
J'ai toujours souligné que le travail honnête
Ne déshonore pas, mais qu'il est constructif
Et produit du profit, donc qu'il est nécessaire.
J'accorde au travailleur ma sympathie entière ;
Pris en particulier. Et c'est uniquement
S'il se ligue et prétend avoir son mot à dire
Dans certaines questions dont il ne comprend rien,
Comme sur les profits ou des questions pareilles,
Que je dis : « Camarade, halte-là ! Pas d'erreurs !
Tu es un travailleur, c'est donc que tu travailles,
Si tu fais grève et ne travailles plus, alors
Tu n'es plus un travailleur, mais un individu
Dangereux, et alors je dois passer aux actes. »-
« La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, Bertolt Brecht, éd. L'Arche, 1976 (ISBN 2-85181-205-X), p. 186 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Arturo Ui :
Je suis social : on peut quelquefois constater
Que des riches aussi je me fais écouter.-
« La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, Bertolt Brecht, éd. L'Arche, 1976 (ISBN 2-85181-205-X), p. 222 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Arturo Ui : Le commerce ne connaît pas la mort.
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« La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, Bertolt Brecht, éd. L'Arche, 1976 (ISBN 2-85181-205-X), p. 229 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Ernesto Roma :
Le jour viendra où ceux que tu as fait abattre
Se dresseront, Arthur, et ceux que tu feras
Abattre à l'avenir. Un peuple surgira,
Et tous ils marcheront contre toi, une armée
Sanglante, haine au cœur, et, seul, tu chercheras
Une aide en vain des yeux, l'aide que j'ai cherchée.
Alors menace, implore, et maudits et promets !
Nul ne t'écoutera ! Nul ne m'a écouté !-
« La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, Bertolt Brecht, éd. L'Arche, 1976 (ISBN 2-85181-205-X), p. 231 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
Troisième marchand de Chicago :
Il faut, les gars,
Vous défendre. Écouter : vous devez mettre un terme
À cette peste noire ! Ou le pays doit-il
Se laisser dévorer par cette maladie ?
Premier marchand de Chicago :
Une ville d'abord, ensuite une autre ville.
La bataille au couteau, c'est un devoir civique.
Deuxième marchand de Cicero :
Pourquoi nous justement ? Nous nous lavons les mains.
Quatrième marchand de Chicago :
Et, si Dieu le permet, nous avons l'espérance
Que ce cochon un jour sur des gens tombera
Qui montreront les crocs.-
« La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, Bertolt Brecht, éd. L'Arche, 1976 (ISBN 2-85181-205-X), p. 233 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
ÉPILOGUE :
Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester
Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder.
Voilà ce qui aurait pour un peu dominé le monde !
Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut
Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt :
Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde.-
« La Résistible Ascension d'Arturo Ui » (trad. Armand Jacob) (1941), dans Théâtre complet, vol. 5, Bertolt Brecht, éd. L'Arche, 1976 (ISBN 2-85181-205-X), p. 237 (voir la fiche de référence de l'œuvre)
BUISSON Ferdinand
A l'article Gassendi (http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/)
de son dictionnaire de pédagogie
"(...)
Sa première oeuvre est une attaque contre cette scolastique absurde, déjà décriée par Ramus, et qui donnait en matière d'enseignement les résultats déplorables flétris par Montaigne et bafoués par Rabelais. Façonnée par la discipline ardemment catholique du moyen âge, l'éducation scolastique domptait volontiers la chair par la-contrainte ascétique et les rigueurs physiques, repoussait la liberté de l'examen, de la raison et de la conscience, et préparait plutôt les esprits à croire au surnaturel qu'à voir et à connaître la nature. Gassendi au contraire étudia constamment la nature ; il fut l'ami et le consolateur de Galilée persécuté ; il usa librement de la raison dans la science et dans la critique ; sa tentative de réhabiliter l'épicurisme, doctrine qui affirme la légitimité de l'attrait exercé sur l'homme par son plaisir, implique de sa part une franche et naïve acceptation de la nature humaine. Par tous ces points, il se rattache à la Renaissance, à ses grands savants et à ses grands critiques, à ses grands pédagogues et en particulier à l'auteur du Gargantua. C'est en quelque sorte au travers de Gassendi que se propage, sous une forme spéculative, la philosophie naturellement épicurienne de Rabelais, pour aller reprendre de nouveau la forme d'une pédagogie libérale dans Molière. La noble doctrine du maître n'est-elle pour rien dans les théories si humaines du disciple, dans le jugement pédagogique si ferme et si sensé de l'auteur des Précieuses ridicules, de l'Ecole des femmes, des Femmes savantes, dans la conduite d'Ariste et dans l'opinion de Clitandre? Successeur de Bacon, ami de Hobbes, adversaire de Descartes et de la théorie des idées innées, peu féconde en pédagogie ; partisan et interprète distingué d'une sage philosophie qui ne dédaigne pas les sens, qui reconnaît la nécessité et la valeur de l'expérience et qui en fait par conséquent la base de l'éducation, Gassendi réchauffe pour ainsi dire de son influence au dix-septième siècle cette glorieuse pédagogie française qui, déjà tout en germes dans Rabelais, donne sa fleur dans Molière et son fruit au dix-huitième siècle. Qui ne compterait parmi les pédagogues celui dont l'oeuvre est Molière?"
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CHAUMETTE Pierre Gaspard
Fervent déchristianisateur, il fait volte-face dans son discours prononcé à la Commune, le 28 novembre 1793 et formule clairement, dans les pas de Robespierre,ce qui se nommera la laïcité de l'Etat.
"... J'estime que le conseil doit rejeter loin de lui toutes discussions relatives aux différents cultes. Peu nous importe que tel soit théiste ou athée, catholique ou grec, ou calviniste, ou protestant, qu'il croie à l'alcoran, aux miracles, aux loups-garous, aux contes des fées, aux damnés, cela ne nous regarde pas ; qu'il rêve tant qu'il voudra, pourvu que ces rêves ne soient ni trop bruyants, ni trop furieux, peu nous importe. Ne nous informons pas s'il va la messe, à la synagogue ou aux prêchés : informons-nous seulement, s'il est républicain ; ne nous mêlons pas de ses lubies, mêlons-nous d'administrer, de lui assurer le libre exercice de ses droits, même de celui de rêver.''
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Georges CORM :
Recours au religieux et non pas retour du religieux
"L’appel occidental à la religion, qu’il s’agisse de l’invocation des valeurs dites judéo-chrétiennes ou du recours aux différents fondamentalismes des Églises américaines, témoigne bien moins du retour du religieux que de son contraire, le recours à la religion. Ce recours provient de la nécessité de donner un vernis de légitimité à des actions politiques qui, au regard des critères classiques de l’humanisme moderne, tel que façonné depuis la philosophie des Lumières et la Révolution française, en manquaient totalement. (…) En fait, le retour du religieux, loin d’être un phénomène naturel, une réaction quasi biologique aux excès dans lesquels la laïcité aurait conduit le monde, est un phénomène politique majeur qui n’a de religieux que le nom. Il n’est lié à aucune évolution majeure dans les constructions théologiques et politiques ou dans les expressions de la foi, sinon le regain de lecture littérale de l’Ancien Testament et des Écritures qui sévit aux Etats-Unis, mais aussi(…) pour d’autres raisons, dans les sociétés musulmanes et le judaïsme."
La question religieuse au XXIe siècle Géopolitique et crise de la postmodernité (p 33-34)_________________________________________________________________________________________
COURBET GUSTAVE
Lettre "à l'armée allemande et aux artistes allemands"(1870)
"Laissez-nous vos canons Krupp,nous les fondrons avec les nôtres ; le dernier canon,gueule en l'air,coiffé du bonnet phrygien, planté sur un piédestal acculé sur trois boulets,et ce monument colossal,que nous érigerons ensemble sur la place Vendôme,sera notre colonne,à vous et à nous,la colonne des peuples,la colonne de l'Allemagne et de la France à jamais fédérées."
Le Conseil de la Commune de Paris considérait la colonne Vendôme comme "un monument de barbarie,un symbole de force brute et de fausse gloire,une affirmation du militarisme,une négation du droit international,une insulte permanente des vainqueurs aux vaincus,un attentat perpétuel à l'un des trois grands principes de la République française,la Fraternité." et décréta sa démolition.
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ENGELS
Guerre et révolution : « PAROLES PROPHETIQUES ››
- Londres - 15 décembre 1887… Et enfin, il n’y a plus pour la Prusse-Allemagne d’autre guerre possible qu’une guerre mondiale, et, à la vérité, une guerre mondiale d’une ampleur et d’une violence encore jamais vues. Huit à dix millions de soldats s’entr’égorgeront ; ce faisant, ils dévoreront toute l’Europe comme jamais ne le fit encore une nuée de sauterelles. Les dévastations de la guerre de Trente ans, condensées en trois ou quatre années et répandues sur tout le continent : la famine, les épidémies, la férocité générale, tant des armées que des masses populaires, provoquée par l’âpreté du besoin, la confusion p. 527désespérée dans le mécanisme artificiel qui régit notre commerce, notre industrie et notre crédit, finissant dans la banqueroute générale. L’effondrement des vieux États et de leur sagesse politique routinière est tel que les couronnes rouleront par douzaines sur le pavé et qu’il ne se trouvera personne pour les ramasser ; l’impossibilité absolue de prévoir comment tout cela finira et qui sortira vainqueur de la lutte ; un seul résultat est absolument certain : l’épuisement général et la création des conditions nécessaires à la victoire finale de la classe ouvrière.
Telle est la perspective si la course aux armements poussée à l’extrême porte enfin ses fruits inévitables. Voilà, Messieurs les princes et les hommes d’État, où votre sagesse a amené la vieille Europe. Et s’il ne vous reste rien d’autre qu’à ouvrir la dernière grande sarabande guerrière, ce n’est pas pour nous déplaire (uns kann es recht sein). La guerre va peut-être nous rejeter momentanément à l’arrière-plan, elle pourra nous enlever maintes positions déjà conquises. Mais, si vous déchaînez des forces que vous ne pourrez plus maîtriser ensuite, quelque tour que prennent les choses, à la fin de la tragédie vous ne serez plus qu’une ruine et la victoire du prolétariat sera déjà acquise, ou, quand même (doch), inévitable.
Londres, 15 décembre 1887.
Friedrich Engels.
_________________________________________________________________________________________FERRY Jules (à propos de )
L’école de Jules Ferry égalait l’univers à l’appétit enfantin, faisait tenir le monde entier dans les quatre murs de la classe, inscrivait les saisons dans les dictées, mettant les plantes et les bêtes au tableau noir, permettait l’aventure sans la désillusion, les fausses additions sans la ruine, conjuguant l’exotisme à l’intimité, le tremblement à la protection, la liberté à la sécurité.
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FONTENELLE (1687)
Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vray que cette méthode est bien lente pour la plupart des Gens, qui courent naturellement à la cause, et passent par dessus la vérité du fait; mais enfin éviterons-nous le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point.
(apologue de "la dent d'or")
Fontenelle, Histoire des oracles, Première dissertation, chapitre IV (1687).
Assurons-nous bien du fait, avant que de nous inquiéter de la cause. Il est vrai que cette méthode est bien lente pour la plupart des gens, qui courent naturellement à la cause, et passent par-dessus la vérité du fait, mais enfin nous éviterons le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point.
Ce malheur arriva si plaisamment sur la fin du siècle passé à quelques savants d'Allemagne, que je ne puis m'empêcher d'en parler ici.
En 1593, le bruit courut que les dents étant tombées à un enfant de Silésie, âgé de sept ans, il lui en était venu une d'or, à la place d'une de ses grosses dents. Horstius, professeur en médecine dans l’Université de Helmstad, écrivit en 1595 l'histoire de cette dent, et prétendit qu'elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les Chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de cette dent aux Chrétiens, ni aux Turcs. En la même année, afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolsteterus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte réplique. Un autre grand homme nommé Libavius ramasse tout ce qui avait été dit de la dent et y ajoute son sentiment particulier. Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la dent était d'or. Quand un orfèvre l'eut examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent avec beaucoup d'adresse; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre.
Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. Cela veut dire que non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux.Bernard Le Bovier de Fontenelle : 1657-1757
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FORGET Philippe
"spirituel(le)":
<<Cet adjectif désigne l'activité réflexive et créatrice de l'esprit humain. Il n'y a aucune raison de l'abandonner aux prêcheurs de la "spiritualité". Il y a bien plus d'activité spirituelle chez ceux qui explorent et transforment la matière que chez ceux qui prennent la pose "spirituelle".>>
neutre, neutralité
"Si elle (la puissance publique) est neutre devant l'expression licite des cultes, c'est parce que justement, elle neutalise leur intrusion dans la sphère publique."
FORGET Philippe
"spirituel(le)":
<<Cet adjectif désigne l'activité réflexive et créatrice de l'esprit humain. Il n'y a aucune raison de l'abandonner aux prêcheurs de la "spiritualité". Il y a bien plus d'activité spirituelle chez ceux qui explorent et transforment la matière que chez ceux qui prennent la pose "spirituelle".>>
neutre, neutralité
"Si elle (la puissance publique) est neutre devant l'expression licite des cultes, c'est parce que justement, elle neutalise leur intrusion dans la sphère publique."
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Anatole FRANCE
"C'est vous qui lui donnez les armes dont elle vous frappe. Pour les lui retirer, qu'attendez-vous? Administrée par vous, elle domine toujours vos administrations. Rompez les liens par lesquels vous l'attachez à l'Etat, brisez les formes par lesquelles vous lui donnez la contenance et la figure d'un grand corps politique, et vous la verrez bientôt se dissoudre dans la liberté."
in " L'Eglise et la République" 1904
Lettre à l'Humanité
Cher citoyen Cachin,
Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu'il importe de connaître.
On y trouvera sur les origines et la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra, notamment, que la guerre mondiale fut essentiellement l'œuvre des hommes d'argent; que ce sont les hauts industriels des différents Etats de l'Europe qui, tout d'abord la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en elle leur fortune, en tirèrent d'immenses bénéfices et s'y livrèrent avec tant d'ardeur, qu'ils ruinèrent l'Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.Ecoutez Corday sur le sujet qu’i traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent.
« Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs haut s fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image.
Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! » (page163)
Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mouraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes* ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l'ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l'heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes: des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donne, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même , mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux Français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. « L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir, c’est la trahir. »
Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté qu’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces, assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse . « C’est, dit-elle, un signe de progrès, et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles. La haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus. »
Je lui demandai timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :
-Pensez, madame, un peuple entier, c’est grand…Quoi ? Un peuple composé de tant de millions d’individus, différents les uns des autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion.
Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »
Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est faite d’Etats isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.
Notre salut, c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,
Anatole France.
*Victoire de Dumouriez le 6 novembre 1792, six semaines après Walmy.
FRANCE Anatole
M.Dubois demanda une fois à Mme Nozière quel était le jour le plus funeste de l’histoire.
Madame Nozière ne le savait pas.
C’est, lui dit M. Dubois, le jour de la bataille de Poitiers, quand, en 732, la science, l’art et la civilisation arabes reculèrent devant la barbarie franque.
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FREUD Sigmund
(1927), “L’avenir d’une illusion”. Trad. franç., 1932. 44
(...), en retirant de l'au-delà ses espérances ou en concentrant sur la vie terrestre toutes ses énergies libérées, l'homme parviendra sans doute à rendre la vie supportable à tous et la civilisation n'écrasera plus personne.
Alors il pourra, sans regrets, dire avec l'un de nos confrères en incrédulité :
Nous abandonnons le ciel
Aux anges et aux moineaux *.
* Den Himmel überlassen wir
Den Engeln und den Spatzen.
(HEINE, Deutschland, chap. 1er)
GOETHE Yohan Wolfgang von
"Im Anfang war die Tat." (in Faust)
"Au début était l'action" opposé au "Au début était le verbe" de la bible
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Ulysses S. GRANT
dans ses Mémoires :
« Aucun parti politique ne peut ou doit exister quand une de ses pierres angulaires est l’opposition à la liberté de pensée… Si une Église érige ses propres lois au dessus des lois de l’État, et que les deux entrent en conflit, cette prétention doit être combattue et éliminée à n’importe quel prix. ».
Dans son message annuel au Congrès, en 1875, le Président Grant:
« Gardons l’Église et l’État à jamais séparés ! ».
Cet amendement de 1791 stipule :
« Le Congrès ne pourra faire aucune loi ayant pour objet l’établissement d’une religion ou interdisant son libre exercice, de limiter la liberté de parole ou de presse, ou le droit des citoyens de s’assembler pacifiquement et d’adresser des pétitions au gouvernement pour qu’il mette fin aux abus »
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HUGO Victor
"Les nations ont au-dessus d'elles quelque chose qui est en-dessous d'elles, les gouvernements."
« …Les nations ont au-dessus d’elles quelque chose qui est au-dessous d’elles les gouvernements.
À de certains moments, ce contre-sens éclate : la civilisation est dans les peuples, la barbarie est dans les gouvernants.
Cette barbarie est-elle voulue ? Non ; elle est simplement professionnelle. Ce que le genre humain sait, les gouvernements l’ignorent.
Cela tient à ce que les gouvernements ne voient rien qu’à travers cette myopie, la raison d’état ; le genre humain regarde avec un autre œil, la conscience…
…Les lois, les voici : liberté de pensée, liberté de croyance, liberté de conscience ; liberté dans la vie, délivrance dans la mort ; l’homme libre, l’âme libre. »
Victor Hugo, libre penseur
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"La science cherche le mouvement perpétuel. Elle l'a trouvé; c'est elle-même."
Les misérables chap.8
(Le sénateur) - (...)Après ça, il faut bien quelque chose à ceux qui sont en bas, aux va-nu-pieds, aux gagne-petit, aux misérables. On leur donne à gober les légendes, les chimères, l'âme, l'immortalité, le paradis, les étoiles. Ils mâchent cela. Ils le mettent sur leur pain sec. Qui n'a rien a le bon Dieu. C'est bien le moins. Je n'y fais point obstacle, mais je garde pour moi monsieur Naigeon. Le bon Dieu est bon pour le peuple.
(...)
(L'évêque de Digne )- Mais vous êtes bons princes, et vous ne trouvez pas mauvais que la croyance au bon Dieu soit la philosophie du peuple, à peu près comme l'oie aux marrons est la dinde aux truffes du pauvre.
"Homme, veux-tu trouver le vrai ? cherche le juste.
Mais quant au dogme, neuf et jeune, ou vieux et fruste,
Quant aux saints fabliaux, quant aux religions
Inoculant l’erreur dans leurs contagions,
Semant les fictions, les terreurs, les présages,
Quant à tous ces docteurs, à ces essaims de sages
Qui vont l’un maudissant ce que l’autre a béni,
Qui, volant, bourdonnant, harcelant l’infini,
Feraient abriter Dieu sous une moustiquaire,
Quant au daïri roi, quant au pape vicaire,
Quant à tous ces korans que chaque âge inventa,
Edda, Veda, Talmud, King ou Zend-Avesta,
Ce n’est qu’une confuse et perverse mêlée ;
En les étudiant, ô pauvre âme aveuglée,
Tu n’apprendras pas plus le réel qu’en cherchant
A composer, avec des insultes, un chant ! "
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___________________________________________________________JAURES
« La guerre est, comme l’exploitation directe du travail ouvrier, une des formes du capitalisme, et le prolétariat peut engager une lutte systématique et efficace contre la guerre, comme il a entrepris une lutte systématique et efficace contre l’exploitation de la force ouvrière. »
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-"Criique de la raison pure"-
"La mathématique nous fournit un éclatant exemple de l'ampleur des progrès que nous pouvons faire à priori dans la connaissance, indépendamment de l'expérience...C'est ainsi que Platon quitta le monde sensible, parce que celui-ci impose à l'entendement de si étroites limites, et qu'il s'aventura au-delà de celui-ci, sur les ailes des idées, dans l'espace vide de l'entendement pur."
"J'entends présentement crier de tous côtés: "Ne raisonnez pas! L'officier dit: "Ne raisonnez pas, exécutez!" Le financier (le percepteur) : "Ne raisonnez pas, payez!" Le prêtre : "Ne raisonnez pas, croyez!"... Il y a partout limitation de la liberté." (Emmanuel Kant 1724-1804 Qu'est-ce que les Lumières? / 1784)
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KENYATTA JOMO
«Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible.»
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LAFARGUE Jules
Pie IX au paradis (théâtre)
As-tu donc des yeux pour ne point voir ? Ne vois-tu pas que tout s'écroule ? Notre pouvoir est ébranlé, chancelant, et pourtant c'est nous qui sommes les seuls debout au milieu des civilisations en ruines, parce que ne meurt pas, du passé qui écrase l'atome humain. Ne vois-tu pas que la bourgeoisie, cette bourgeoisie qui au siècle dernier triomphait de nous par l'esprit, le ridicule et le couperet de la guillotine, hantée par les terreurs, regarde autour d'elle et brame après un protecteur, après un sauveur ? Ne vois-tu pas que les rois, les empereurs, sentant la terre trembler, se tournent vers nous ? Nous sommes l'ancre du salut, le havre de la bourgeoisie ; car nous conduisons le troupeau des humains avec la peur de l'inconnu, nous savons les paroles mystiques qui brisent les énergies, domptent les volontés et forcent la bête humaine à lâcher la proie pour l'ombre. Ne vois-tu pas que comme l'aiglon qui se débat pour briser l'œuf, la noire classe des travailleurs s'agite convulsivement pour faire éclater le moule de la vieille société. Toutes les classes privilégiées auront à s'unir pour étouffer le monstre avant qu'il n'éclose. Ne vois-tu pas que la peur des revendications prolétariennes, que la peur de l'Internationale, que la peur du communisme a réuni en un seul faisceau les intérêts des classes régnantes de tous les pays ? Pour traquer le socialisme, la Sainte-Alliance est ressuscitée. Ô Pape infaillible, c'est nous, l'esprit des temps passés, qui prendrons la tête de la croisade contre les barbares de la civilisation qui veulent détruire toute société, toute morale, toute justice.
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Meillassoux Claude, directeur de recherche au CNRS
Prolétaire : celui qui, à Rome , n’avait pas d’autre richesse que sa progéniture. Comme son nom l’indique , il est prolifique.
« Depuis Condorcet, les démographes ont observé que la croissance démographique est plus faible, parfois même négative, dans les sociétés où les conditions d’entretien et de reproduction physique des individus son les meilleures et où les conditions matérielles d’avenir sont les mieux assurées. Or, les politiques d’ajustement structurel imposées quasi uniformément par les institutions financières internationales vont dans un sens rigoureusement contraire. Elles imposent au premier chef de sévères mesures restrictives sur tout ce qui contribue à l’entretien de la vie et au progrès : suppression des subventions aux produits alimentaires, maintien des bas salaires, réduction drastique des dépenses publiques de santé, d’assistance sociale et même d’éducation. »
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Laïcité:
La laïcité n'est pas une opinion, mais le droit d'en avoir une.
Laïc ou laïque?
laïc s'écrit des chrétiens qui n'appartiennent pas au clergé ni aux ordres religieux (le nom correspondant est laïcat, "ensemble des laïcs";laïque s'écrit de ce qui respecte strictement la neutralité vis-à -vis des diverses religion« Depuis la crise de 1880-1910 entre l'Eglise et l'Etat, l'usage s'est établi en France, de réserver les deux orthographes du mot à deux significations différentes: laïc s'écrit des chrétiens qui n'appartiennent pas au clergé ni aux ordres religieux (le nom correspondant est laïcat, ("ensemble des laïcs") ; laïque s'écrit de ce qui respecte strictement la neutralité vis-à-vis des diverses religions» (Dupré, 1972)
Laïcité ouverte
1950 : Robert Treno, rédacteur en Chef du Canard Enchaîné écrit : « Il fut un temps où les choses étaient simples, on était de droite avec les patrons et les curés, on était de gauche avec les ouvriers et les laïques. »
1958 :Instauration de la 5ème république par ce qu’il faut bien appeler un coup d’Etat. Seule la FEN appelle à la grève !
1959 : Loi Debré fondée sur un oxymore : « … L'établissement (privé sous contrat), tout en conservant son caractère propre, doit donner cet enseignement dans le respect total de la liberté de conscience. Tous les enfants sans distinction d'origine, d'opinions ou de croyance, y ont accès… »
1960 : les laïques s’unissent :Serment de Vincennes contre la loi Debré (extraits) : « Nous …faisons le serment solennel (…) de lutter sans trêve et sans défaillance jusqu’à son abrogation ; et d’obtenir que l’effort scolaire de la République soit uniquement réservé à l’école de la Nation, espoir de notre jeunesse. » « Fonds publics à l’école publique…. »
Ensuite ça se gâte : 1970 : Le congrès de la CFDT définit la laïcité « ouverte » ou « plurielle » : «… qui n’est pas la neutralité, mais la libre expression des personnes dans leur diversité, favorisant le développement des consciences individuelles.»
1971 : Le loup rentre dans la bergerie ! Les militants catholiques entrent dans le Parti Socialiste. Au congrès d’Épinay, Mitterrand qui en devient premier secrétaire les salue :
« Je constate …que les personnalistes d’Emmanuel Mounier sont, c’est l’occasion de le dire, Dieu soit loué, parmi nous…et que peut-être, pour la première fois, ce qui se passe au sein du monde chrétien, et particulièrement de l’Église catholique, peut signifier sans qu’on s’illusionne encore sur les grandes masses, le rendez-vous qu’ont espéré tous ceux qui depuis au moins vingt-cinq ans (…) sont allés dans ce sens. »
1981 : La gauche au pouvoir Alain Savary, devant le sénat :
« Je vous demande d’apprécier l’attitude d’une majorité qui aurait pu en une nuit abroger les lois Debré et Guermeur. »
Et il s’en vante le bougre !
1984 : Alain Savary, alors qu’il quitte le gouvernement, déplore le mépris de l’Église et de la droite :
« On avait annoncé que l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981 se traduirait par l’arrêt du financement des écoles privées. Chacun sait qu’il n’en a rien été. L’État a respecté les lois en vigueur en inscrivant à sa charge 14,5 milliards au budget 1982, 16,5 milliards au budget 1983, 18,5 milliards au budget 1984. »
2013 : Claude Domeizel, sénateur 04, à l’origine de la « journée de la laïcité du 9 décembre »dans sa lettre de réponse à la Libre Pensée 04 du 26 mars:
« Je suis très attaché à une conception ouverte et tolérante de la laïcité. Sachez que pour moi, la laïcité n’est pas l’exclusion des religions. D’ailleurs, dans le cadre du débat national sur le projet de loi en question, les congrégations religieuses ont été nombreuses à être auditionnées. »… « Pour moi, la laïcité n’est pas contre les religions mais sous-entend leur reconnaissance et la liberté de chacun d’y adhérer. Je faillirais à mes obligations d’élu républicain si je négligeais l’avis de tous pour forger ma réflexion personnelle.»
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Lincoln Abraham
« On peut mentir une fois à tout le monde, on peut mentir tout le temps à une personne, mais on ne peut mentir tout le temps à tout le monde »
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LUCRÈCE
"Ceux-là mêmes en effet qui savent bien que les dieux mènent une vie sans soucis s'interrogent quelquefois, étonnés, sur l'accomplissement des phénomènes naturels, surtout sur ce qu'ils contemplent au-dessus de leurs têtes, dans les régions éthérées ; alors ils retombent aux antiques superstitions, ils reprennent le joug des durs maîtres auxquels leur misère leur fait attribuer un pouvoir souverain, car ils ignorent ce qui peut être et ce qui ne le peut pas, l'énergie départie à chaque existence, enfin le terme inflexible qui la borne.
Maalouf Amin
Toute pratique discriminatoire est dangereuse, même lorsqu’elle s’exerce en faveur d’une communauté qui a souffert. Non seulement parce qu’on remplace ainsi une injustice par une autre, et qu’on renforce la haine et la suspicion, mais pour une raison de principe plus grave encore à mes yeux : tant que la place d’une personne dans la société continue à dépendre de son appartenance à telle ou telle communauté, on est en train de perpétuer un système pervers qui ne peut qu’approfondir les divisions ; si l’on cherche à réduire les inégalités, les injustices, les tensions raciales ou ethniques ou religieuses ou autres, le seul objectif raisonnable, le seul objectif honorable, c’est d’œuvrer pour que chaque citoyen soit traité comme un citoyen à part entière, quelles que soient ses appartenances. Bien entendu, un tel horizon ne peut être atteint du jour au lendemain, mais ce n’est pas une raison pour conduire l’attelage dans la direction opposée.
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Mars Attaque
Tup tup tup...tuptuptup!
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MEILLASSOUx Claude, directeur de recherche au CNRS
Prolétaire : celui qui, à Rome , n’avait pas d’autre richesse que sa progéniture. Comme son nom l’indique , il est prolifique.
« Depuis Condorcet, les démographes ont observé que la croissance démographique est plus faible, parfois même négative, dans les sociétés où les conditions d’entretien et de reproduction physique des individus son les meilleures et où les conditions matérielles d’avenir sont les mieux assurées. Or, les politiques d’ajustement structurel imposées quasi uniformément par les institutions financières internationales vont dans un sens rigoureusement contraire. Elles imposent au premier chef de sévères mesures restrictives sur tout ce qui contribue à l’entretien de la vie et au progrès : suppression des subventions aux produits alimentaires, maintien des bas salaires, réduction drastique des dépenses publiques de santé, d’assistance sociale et même d’éducation. »
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MONTESQUIEU
- « l’État doit à tous les citoyens une subsistance assurée, la nourriture un vêtement convenable et un genre de vie qui ne soit point contraire à sa santé »
Esprit des Lois liv 13 ch 29. Des Hôpitaux.
- La gravité est le bouclier des sots.
- « De l'esprit des lois »
« C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. »
« La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent. »
« Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
« Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice. »
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NEWTON Isaac
"Physique, garde-toi de la métaphysique."
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NORA Pierre (historien)
La mémoire sacralise, l'histoire laïcise.
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Pape Pie X dans l’encyclique Vehementer nos qui fulminait contre la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat en 1905 : « L’Ecriture nous enseigne que l’Eglise est le corps mystique du Christ, au sein de laquelle des chefs se trouvent qui ont de pleins et parfaits pouvoirs pour gouverner, pour enseigner et pour juger… Il en résulte que cette Eglise est par essence une société inégale, c’est-à-dire une société comprenant deux catégories de personnes : les pasteurs et le troupeau, ceux qui occupent un rang dans les différents degrés de la hiérarchie et la multitude des fidèles ; et ces catégories sont tellement distinctes entre elles, que, dans le corps pastoral seul, résident le droit et l’autorité nécessaires pour promouvoir et diriger tous les membres vers la fin de la société. Quant à la multitude, elle n’a pas d’autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs… »
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Pie XII
télégramme que le pape PIe XII a envoyé au général Franco le 31 mars 1939, au lendemain de sa victoire sur la défunte République Espagnole :
"Elevant notre âme vers Dieu, Nous Le remercions sincèrement, avec Votre Excellence, pour la victoire de l'Espagne catholique".
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PLATON
GORGIAS: "SAVOIR & CROIRE"
Socrate – Existe-t-il une chose que tu appelles savoir ?
Gorgias – Oui.
S – Et une autre que tu appelles croire ?
G - Oui, bien sûr.
S – Bon, à ton avis, savoir et croire, est-ce pareil ? Est-ce que savoir et croyance sont la même chose ?
G- Pour ma part, Socrate, je crois qu’elles sont différentes.
S – Et tu as bien raison de le croire. Voici comment on s’en rend compte. Si on te demandait : « Y a-t-il, Gorgias, une croyance fausse et une croyance vraie ? », tu répondrais que oui, je pense.
G – Oui.
S- Mais y a-t-il un savoir faux et un vrai ?
G – Aucunement.
S – Savoir et croyance ne sont donc pas la même chose, c’est évident.
G- Tu dis vrai.
S- Pourtant, il est vrai que ceux qui savent sont convaincus, et que ceux qui croient le sont aussi.
G- Oui, c’est comme cela.
S- Dans ce cas, veux-tu que nous posions qu’il existe deux formes de convictions : l’une qui permet de croire sans savoir, et l’autre qui fait connaître ?
G- Oui, tout à fait. Gorgias, Platon.
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PROTAGORAS
-de Timon Fliasos à la gloire de Protagoras:
"Au premier de tous les sophistes, de jadis et de demain(...) ô Protagoras.
Ils voulurent réduire en cendres ses écrits, parce qu'il écrivit
Qu'il ne savait, ni ne pouvait comprendre
Les dieux, qui ils sont, comment et quels ils sont,
Ayant le plus grand soin d'un jugement impartial.
Il n'en tira aucun profit et chercha la fuite pour ne pas boire
Lui non plus le froid breuvage de Socrate et descendre aux enfers."
Diogène Laërce, op.cit;, IX 52.
-le texte de Protagoras, in Platon:
"Pour ce qui est des dieux, je n'ai aucune possibilité de savoir s'ils existent, ni s'ils n'existent pas. Nombreux sont les obstacles ui entravent mon savoir, qu'il s'agisse de l'obscurité du sujet ou de la brièveté de la vie humaine."
-sans oublier sa profession de foi humaniste:
"L'homme est la mesure de toute chose" équivalent du "ni dieu, ni maître! " des libres-penseurs.
RABELAIS, L’anti-augustin :
“Très cher fils, quant à la connaissance des faits de nature, je veux que tu t’y adonnes avec curiosité : qu’il n’y ait ni mer, ni rivière dont tu ne connaisses les poissons ; toutes les pierreries d’Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu. Mais, parce que science sans conscience n’est que ruine de l’âme. […] (Pantagruel1532). »
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Romain Rolland
"Une discussion est impossible avec quelqu'un qui prétend ne pas chercher la vérité, mais déjà la posséder."
SCHOPENHAUER
« L’art d’avoir toujours raison – La dialectique éristique» [Mille et une nuit pages 8 et 9]
(…)quand mon adversaire réfute ma preuve et que cela équivaut à réfuter mon affirmation elle-même, qui peut cependant être étayée par d’autres preuves - auquel cas, bien entendu, le rapport est inversé en ce qui concerne mon adversaire : il a raison bien qu’il ait objectivement tort. Donc, la vérité objective d’une proposition et la validité de celle-ci au plan de l’approbation des opposants et des auditeurs sont deux choses bien distinctes. (C’est à cette dernière que se rapporte la dialectique.) D’où cela vient-il? De la médiocrité naturelle de l’espèce humaine. Si ce n’était pas le cas, si nous étions foncièrement honnêtes. nous ne chercherions, dans tout débat, qu’à faire surgir la vérité, sans nous soucier de savoir si elle est conforme à l’opinion que nous avions d’abord défendue ou à celle de l’adversaire : ce qui n’aurait pas d importance ou serait du moins tout a fait secondaire. Mais c est désormais l’essentiel. La vanité innée, particulièrement irritable en ce qui concerne les facultés intellectuelles, ne veut pas accepter que notre affirmation se révèle fausse, ni que celle de l’adversaire soit juste. Par conséquent, chacun devrait simplement s’efforcer de n’exprimer que des jugements justes. ce qui devrait inciter a penser d’abord et à parler ensuite. Mais chez la plupart des hommes, la vanité innée s accompagne d’un besoin de bavardage et d’une malhonnêteté innée. Ils parlent avant avoir réfléchi et même s'ils se rendent compte après coup que leur affirmation est fausse et qu’ils ont tort, il faut que les apparences prouvent le contraire. Leur intérêt pour la vérité, qui doit sans doute être généralement l’unique motif les guidant lors de l’affirmation d’une thèse supposée vraie, s’efface complètement devant les intérêts de leur vanité : le vrai doit paraître faux et le faux vrai.
Métaphysique et religion
« En revanche, on n'a jamais manqué de gens qui se sont efforcés de tirer leur subsistance de ce besoin métaphysique, et qui l'ont exploité autant qu'ils l'ont pu ; chez tous les peuples, il s'est rencontré des personnages pour s'en faire un monopole, et pour l'affermer ; ce sont les prêtres. Mais afin d'assurer complètement leur trafic, il leur fallait obtenir le droit d'inculquer de bonne heure aux hommes leurs dogmes métaphysiques, avant que la réflexion ne fut encore sortie de ses ténèbres, c'est-à-dire dans la première enfance ; car alors, tout dogme une fois qu'il est bien enraciné, reste pour toujours quelle qu'en soit l'insanité ; si les prêtres devaient attendre pour faire leur œuvre que le jugement fût déjà mûr, ils verraient s'écrouler tous leurs privilèges. Une seconde quoique moins nombreuse, catégorie d'individus qui tirent leur subsistance de ce besoin métaphysique de l'humanité, ce sont ceux qui vivent de la philosophie. Chez les Grecs on les appelait sophistes , et chez les modernes professeurs de philosophie. » ”
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Thucydide (vers 470-404 avant notre ère), Histoire de la guerre du Péloponnèse, livre II, 37, fin du Ve siècle av. notre ère
Périclès fait l'éloge de la démocratie athénienne
En 430, pendant la guerre du Péloponnèse (431/404 avant notre ère.), Périclès prononce un discours en l’honneur des Athéniens morts au combat, dans lequel il fait l’éloge de la démocratie.
La constitution qui nous régit n'a rien à envier à celle de nos voisins. Loin d'imiter les autres peuples, nous leur offrons plutôt un exemple. Parce que notre régime sert les intérêts de la masse des citoyens et pas seulement d'une minorité, on lui donne le nom de démocratie. Mais si, en ce qui concerne le règlement de nos différends particuliers, nous sommes égaux devant la loi, c'est en fonction du rang que chacun occupe dans l'estime publique que nous choisissons les magistrats de la cité, les citoyens étant désignés par leur mérite plutôt qu'à tour de rôle. D'un autre côté, quand un homme sans fortune peut rendre quelque service à l'État, l'obscurité de sa condition ne constitue pas pour lui un obstacle. [...] Ceux qui participent au gouvernement de la cité peuvent s'occuper aussi de leurs affaires privées et ceux que leurs occupations professionnelles absorbent peuvent se tenir fort bien au courant des affaires publiques. Nous sommes en effet les seuls à penser qu'un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile. Nous intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par notre vote, ou même en présentant à propos nos suggestions.
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YOURCENAR Marguerite
-Sous bénéfice d'inventaire- folio-essais 110-
pages 30-31
"(...) La mort des institutions, plus lente, n'est qu'à peine constatée par les auteurs de l'Histoire Auguste. La survivance de la forme cache la disparition du fond; le jargon des formules républicaines, déjà à peu près vide de son contenu sous les premiers Césars, reste en usage à côté du protocole pompeux et de l'adulation la plus servile sous la monarchie orientalisée du IIIe siècle, contentant ainsi ceux pour qui l'apparence compte plus que la réalité, c'est à dire à peu près tout le monde. L'adoption et l'élection ne sont plus que des formes déguisées de vente aux enchères et de coup d'Etat.(...)
pages 35-36
(...) ce gaspillage qui fait croire à l'existence de richesses qu'on n'a déjà plus, cette pléthore si vite remplacée par la disette à la moindre crise, ces divertissements ménagés d'en haut, cette atmosphère d'inertie et de panique, d'autoritarisme et d'anarchie, ces réaffirmations pompeuses d'un grand passé au milieu de l'actuelle médiocrité et du présent désordre, ces réformes qui ne sont que des palliatifs et ces accès de vertu qui ne se manifestent que par des purges, ce goût du sensationnel qui finit par faire triompher la politique du pire, ces quelques hommes de génie mal secondés perdus dans la foule des grossiers habiles, des fous violents, des honnêtes gens maladroits et des faibles sages.
Le lecteur moderne est chez lui dans l'Histoire Auguste.
Mount Desert Island1958."
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ZOLA Emile
–« PARIS »-roman, folio classique- page 594
« …on n’imagine pas un non-sens plus imbécile, Paris, notre grand Paris, couronné, dominé par ce temple bâti à la glorification de l’absurde. N’est-ce point inacceptable, après des siècles de science, ce soufflet au simple bon sens, cet insolent besoin de triomphe, sur la hauteur, en pleine lumière ? Ils veulent que Paris se repente, fasse pénitence d’être la ville libératrice de vérité et de justice. Non, non ! il n’a qu’à balayer tout ce qui l’entrave, tout ce qui l’injurie, dans sa marche de délivrance… Et que le temple croule avec son dieu de mensonge et de servage ! Et qu’il écrase sous ses ruines le peuple de ses fidèles, pour que la catastrophe, telle qu’une des anciennes révolutions géologiques, retentisse aux entrailles de l’humanité, la renouvelle et la change ! »
Le sacré cœur fut érigé en expiation des « crimes » de la Commune de 1871. Zola met sa propre haine du monument dans les propos de l’anarchiste Guillaume …
Gabriel Séailles (1902)
‘’La Libre Pensée n’exclut ni l’hypothèse, ni l’erreur ; elle est même par excellence, la liberté de l’erreur ; car refuser à l’homme le droit de se tromper, c’est se croire naïvement en possession de la vérité absolue, se déclarer infaillible, se conférer à soi-même sa petite papauté. La Libre Pensée est une méthode, elle n’est pas une doctrine. »
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Être libre-penseur signifie être un combattant
"Plus d'un se nomme libre-penseur, qui entre dans le cercle des libres penseurs pour sa tranquillité intérieure, pour chercher chez eux de l'inspiration et de quoi passer ses heures de loisirs. Mais le libre-penseur est celui-là seulement qui utilise tout son savoir et toutes ses connaissances comme outils dans le combat pour délivrer l'humanité de la servitude intellectuelle.Être libre-penseur signifie être un combattant."Max SIEVERSLibre penseur allemand - Résistant - exécuté en 1944__________________________________________________________________
VOLTAIRE
« A Élie Bertrand, Premier pasteur de
l’Église française, membre de plusieurs
académies etc.
à Berne
A Ferney 19è mars 1765
Mon cher philosophe, vous n’êtes point de ces philosophes insensibles qui cherchent froidement des vérités ; votre philosophie est tendre et compatissante. On a été très bien informé à Berne du jugement souverain en faveur des Calas ; mais j’ai reconnu à certains traits votre amitié pour moi. Vous avez trouvé le secret d’augmenter la joie pure que cet heureux événement m’a fait ressentir. Je ne sais point encore si le roi a accordé une pension à la veuve et aux enfants, et s’ils exigeront des dépens, dommages et intérêts de ce scélérat de David qui se meurt. Le public sera bientôt instruit sur ces articles comme sur le reste. Voilà un événement qui semblerait devoir faire espérer une tolérance universelle ; cependant on ne l’obtiendra pas sitôt ; les hommes ne sont pas encore assez sages. Ils ne savent pas qu’il faut séparer toute espèce de religion de toute espèce de gouvernement ; que la religion ne doit pas plus être une affaire d’État que la manière de faire la cuisine 1 ; qu’il doit être permis de prier Dieu à sa mode, comme de manger suivant son goût ; et que, pourvu qu’on soit soumis aux lois, l’estomac et la conscience doivent avoir une liberté entière. Cela viendra un jour, mais je mourrai avec la douleur de n’avoir pas vu cet heureux temps.
Je vous embrasse avec la plus vive tendresse.
Vre. »
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