• CONGRES FONDATEUR à OSLO-AILP: REPORTAGE DE MORGAN TERMEULEN

    OSLO-AILP: REPORTAGE DE MORGAN TERMEULEN

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    Liberté souveraine

    Editorial

    Le serpent dit à la femme : « Mangez de ce fruit, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, possédant la connaissance du bonheur et du malheur» (Genèse 2,5). Dès lors, si on en croit le récit biblique, en mangeant du fruit de l’arbre de la connaissance, l’humanité emprunta le chemin de la liberté. Une liberté dont on nous enseigne qu’elle apporte son lot d’amertumes, puisqu’il s’agit de faire des choix, de prendre en main son propre destin, en un mot d’être responsables.

    L’histoire d’Abel et Caïn montre les progrès de la civilisation, l’invention de l’agriculture. Caïn offre à la divinité les fruits du travail de la terre, Abel les produits de sa chasse. Ce dernier est récompensé, l’autre méprisé. La religion apparaît dès lors comme un obstacle aux progrès de la civilisation humaine, défi prométhéen permanent face à la volonté divine.

    Les millénaires passent, des empires se créent et s’écroulent ; toujours, la conscience humaine lutte contre l’obscurantisme des dogmes et l’oppression des puissants : « Il n’est point de vérité sacrée, c'est-à-dire interdite à la libre investigation de l’homme ; il n’y a rien de plus grand que la liberté souveraine de l’esprit humain », défendait en son temps Jaurès.

    En ce début de siècle confit de sottise réactionnaire, de prêt-à-penser social, économique, politique et culturel, la constitution d’une internationale de libres penseurs lors du Congrès d’Oslo le 10 août dernier constitue aussi bien un événement historique de portée mondiale qu’un digne hommage à ce grand humaniste. Puisse-t-elle à son tour porter ses fruits…

    Morgan Termeulen 

     


    Après une journée de conférences et de débats entre représentants de dix-sept nations, l’internationale de la libre pensée était proclamée par acclamation le 10 août dernier à Oslo.

     

    Reportage Morgan Termeulen

    L’émancipation, combat  du siècle

     

    « Je demande une minute de silence par solidarité avec le peuple norvégien, durement éprouvé par les attentats meurtriers perpétrés le mois dernier », déclarait, à l’ouverture du Congrès de constitution d’une internationale de la libre pensée qui s’est tenu à Oslo (Norvège) le mois dernier, le président de la fédération française de la libre pensée Marc Blondel.

    Les congressistes, issus de dix-sept nations du monde, se lèvent comme un seul homme pour rendre hommage aux femmes et aux hommes victimes de la barbarie d’extrême droite. A l’issue de cette minute de silence, les débats visant à construire un monde où de telles atrocités ne pourraient se produire peuvent commencer.

    Une suite de conférences et de débats entre les représentants de nations aussi diverses que le Chili, le Liban, la France, les USA, l’Argentine, l’Inde, la Belgique, l’Australie, l’Espagne ou l’Allemagne, pour n’en citer que quelques-uns, ce afin d’échanger les expériences de chacun dans le domaine de lutte qui est celui des libres penseurs : empêcher les institutions religieuses de quelque nature que ce soit d’influer sur la vie publique et privée des peuples de l’humanité : en fait, œuvrer pour étendre la laïcité partout sur la planète.

    Un besoin universel

    Contrairement à ce qu’on nous serine à longueur de journée, la laïcité n’est pas un problème franco-français, mais bien un besoin universel des peuples, celui de se libérer de la tutelle des institutions religieuses.

    Tel a été le sujet de la première conférence, animée par Jacques Lafouge, membre de la délégation française, intitulée « Le combat pour la séparation des Eglises et de l’Etat dans le monde ».

    Le conférencier, après avoir rappelé que « le but de toute société politique est le bonheur des peuples » et que « [celui-ci] consiste essentiellement en la liberté sous toutes ses formes, particulièrement la liberté de conscience », précisait que tout au long de l’histoire, les dignitaires religieux avaient tendance à se confondre avec les pouvoirs politiques ; de ce fait, chacun des pouvoirs s’appuie sur l’autre pour assurer sa légitimité  : « Les autorités religieuses tenteront donc d’exercer une autorité sur les femmes et les hommes, contrôlant leur conduite économique, sociale, morale et sexuelle », faisait encore observer Jacques Lafouge. Et d’enfoncer le clou : « Le problème vient de la volonté des Eglises d’imposer à tous des comportements et des convictions, en violation du droit des individus ; elles veulent régenter la vie de la cité car elles proposent des systèmes idéologiques complets, par nature autoritaires et contraires aux droits de l’homme ».

    Si le diagnostic est clair, le conférencier met néanmoins en garde : il s’agit bien d’exiger la séparation des Eglises et de l’Etat, garantie juridique de la liberté de conscience et non pas d’attaquer les croyances religieuses, sinon de les cantonner à la sphère privée : « C’est le sens de notre combat contre une loi réprimant le port de la burqa ou du voile intégral dans la rue », concluait-il.

    « Plus de lumière ! »

     

    Telle fut, d’après les historiens, la dernière phrase de l’écrivain allemand Goethe sur son lit de mort. Une phrase que les libres penseurs du monde entier, réunis en Congrès à Oslo, ont faite leur en approuvant unanimement le « Manifeste pour la liberté de conscience » qui leur était soumis.

    Après avoir affirmé que l’humanité était née libre, le manifeste salue les combats pour la liberté et l’émancipation sur toute la planète en même temps que ses rédacteurs s’alarment du retour des offensives religieuses, notamment au sein de l’Union européenne. De même, ils militent pour mettre un  terme au financement des œuvres religieuses partout dans le monde : « Nous voulons que la clarté soit faite sur le financement des religions, cette "économie pourpre" qui grève les budgets des Etats au détriment de la santé, de l’éducation, ce au profit des seuls destinataires qui se qualifient eux-mêmes de spirituels ».

    Le manifeste exige de surcroît que « justice soit rendue aux victimes des Eglises », notamment aux enfants victimes de prêtres pédophiles, ainsi qu’aux peuples colonisés et évangélisés de force.

    La lecture de ce manifeste, effectuée dans les trois langues de travail du Congrès, le français, l’anglais et l’espagnol, a été précédée de l’approbation de la constitution de la nouvelle internationale de la libre pensée. Il n’a pas été besoin de procéder à un vote ; l’intégralité des délégués des nations représentées s’est levée et a applaudi pendant plusieurs minutes la naissance de cette nouvelle institution internationale vouée à l’émancipation du genre humain.

     

    Légende : Les délégués des dix-sept nations représentées proclament la nouvelle internationale de la libre pensée par une formidable ovation.

     


    Laïcité. Le 10 août dernier à Oslo (Norvège) se tenait le Congrès constitutif d’une nouvelle internationale de la libre pensée.

    D’un siècle à l’autre, l’exigence de liberté

    n « Nous établirons dans le monde le règne d’une raison affranchie des anciens préjugés dogmatiques, c’est-à-dire un idéal supérieur, une morale plus haute et plus assurée que celle des temps passés, parce qu’elle est basée sur la connaissance humaine ». Tel était le propos de Marcellin Berthelot, président d’honneur de la libre pensée française lors du Congrès mondial de la libre pensée à Rome… en 1904. Une date qui marquera durablement l’histoire de l’humanité, en ce que le Congrès de Rome précédait seulement d’un an la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat promulguée en France fin 1905.

    Une loi pour tous, la liberté pour chacun

    Lors du Congrès de la libre pensée en 1905, Ferdinand Buisson, un des artisans de la loi de 1905, fit adopter trois résolutions par l’ensemble des congressistes venus du monde entier. Il s’agissait en premier lieu d’affirmer la primauté de la raison humaine sur toute doctrine, au détriment de l’affirmation de vérités particulières. Ensuite, Ferdinand Buisson déniait à quelque autorité que ce soit le droit de s’opposer à la raison humaine ; il propose par là le libre choix de l’humanité des moyens de construire une société meilleure. Enfin, ce fondateur d’un des principes majeurs de la République française entendait soumette aux lois de la raison l’organisation sociale, en enlevant d’une part tout caractère confessionnel aux administrations de l’Etat et d’autre part en rejetant, au nom de la dignité humaine « le triple joug du pouvoir abusif de l’autorité en matière religieuse, du privilège en matière politique et du capital en matière économique ».

    Un an plus tard, la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, la fameuse laïcité institutionnelle qui règle encore tant bien que mal les rapports sociaux en France, était promulguée. Elle commande encore que « la République assure la liberté de conscience […]La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».

    Face à l’offensive réactionnaire

    Curieusement, dans le dernier quart du XXe siècle et au début du XXIe, les offensives contre la laïcité sont allées de pair avec la révolution néolibérale. Aussi l’article 52 du traité constitutionnel européen, rejeté par les Français en 2005, prévoit que « reconnaissant leur identité et leur contribution spécifique, l'Union maintient un dialogue ouvert, transparent et régulier avec [les] églises », en flagrante contradiction avec le principe de laïcité. Le traité de Lisbonne, ratifié par un coup de force antidémocratique, reprend ces mêmes dispositions.

    De même, l’actuel chef de l’Etat, non content d’affirmer la prétendue « supériorité du prêtre sur l’instituteur », autorise les instituts confessionnels d’enseignement supérieur à délivrer des diplômes universitaires et instaure des « correspondants laïcité » auprès de chaque préfet de département, chargés de dialoguer avec les institutions religieuses.

    Face à cette offensive cléricale, des libres penseurs du monde entier ont décidé de s’unir afin de réaffirmer un droit inaliénable de l’homme, la liberté de conscience. Un premier pas a été franchi en 2005, lors du centenaire de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, en fondant à Paris un comité de liaison international des athées et des libres penseurs. Mais ce n’est que le 10 août dernier à Oslo, en Norvège, qu’une décision historique a été prise lors du Congrès mondial de la libre pensée : celle de créer une nouvelle internationale de libres penseurs afin de coordonner les luttes pour l’émancipation de l’esprit humain de tout dogme.

     Le Congrès d’Oslo, le 10 août dernier, a réaffirmé la liberté de conscience comme exigence première de la dignité humaine.

     

     

     


    Entretien. Le créationnisme, offensive idéologique des Églises.

    « Au détriment de l’esprit scientifique »

    Charles Susanne, délégué de la libre pensée de Belgique au Congrès d’Oslo, met en garde contre les dangers des théories créationnistes.

    Qu’est-ce que le créationnisme?

    Les récits de création des différentes religions veulent expliquer certains phénomènes naturels et les mettent en relation avec une volonté divine, leur conférant un caractère sacré. À l’opposé, l’évolution tient le hasard biologique comme principale cause de l’émergence de la vie. Les découvertes scientifiques ont fait reculer les dogmes religieux ; le fondamentalisme est une réaction à ce recul. Les milieux conservateurs n’ont de cesse de tenter d’imposer ces théories au détriment de raisonnements scientifiquement valables.

    Le clivage entre créationnisme et théorie de l’évolution ne ressort-il pas d’un débat scientifique ouvert? Pourquoi combattre le créationnisme?

    Les créationnistes opposent la volonté divine au hasard. C’est pernicieux en ce sens qu’ils considèrent comme correct de se satisfaire de ne pas comprendre. Je me permettrai de citer Saint Augustin : « Il y a une forme de tentation plus dangereuse, c’est la maladie de la curiosité, qui pousse à essayer de découvrir les secrets de la nature, […] que l’homme ne devrait pas chercher à connaître ». Plus récemment, le pape Jean-Paul II déclarait que « les théories de l’évolution, qui considèrent l’esprit comme émergeant de la matière, sont incompatibles avec la vérité de l’homme ».

    Quelles sont les conséquences de cette offensive idéologique sur la société?

    Dans l’encyclique Spe Salvi, Benoît XVI affirme que « Dieu n’est pour rien dans les souffrances humaines », en même temps qu’il dénigre les réformes destinées à améliorer la condition humaine, considérées comme de la présomption ; les responsables de nos malheurs sont le progrès et la science. En même temps, le Vatican exige que les racines chrétiennes de l’Europe soient mentionnées dans les traités européens. Devons-nous rappeler aussi les bûchers de l’Inquisition, les persécutions? Cette mainmise du religieux s’explique par la destruction de l’État social, qu’on veut remplacer par le mode caritatif, laissé aux bons soins des Églises.

    propos recueillis par morgan termeulen

    Charles Susanne mettait en garde contre l’offensive idéologique des institutions religieuses. 

     


    Espagne. Une visite papale financée par l’État.

     

    Premier acte politique

     

    Une fois l’internationale de libre pensée créée et ses statuts approuvés, les congressistes ont pu, grâce à l’intervention du délégué de l’Espagne, Albert Riba, prendre leur première décision politique.

    Albert Riba, président et membre fondateur de l’association Ateus de Catalunya (Athées de la Catalogne) a présenté au Congrès une proposition de motion visant à condamner la visite du pape Benoît XVI en Espagne dans le cadre des prétendues Journées mondiales de la jeunesse, qui ont eu lieu à Madrid du 16 au 21 août derniers. La motion, approuvée à l’unanimité, déclare que « face à la prochaine visite de M. Ratzinger, chef de l’Église Catholique, en Espagne du 19 au 21 août, nous reprochons aux autorités espagnoles de transiger avec quelqu’un qui se trouve être le chef autoritaire d’un groupe misogyne et antidémocratique, ainsi que de financer son voyage aux frais de citoyens qui ne partagent pas ses idées, circonstance aggravée par la grave crise économique que traverse le pays. De même nous nous déclarons solidaires de mouvements de protestation qui ont lieu dans beaucoup de villes d’Espagne, en dépit de l’opposition des autorités, qui ne respectent pas le principe de neutralité confessionnelle de l’État prévu par la Constitution espagnole ».

    Un message entendu cinq sur cinq par les Indignés espagnols.

    MT

     

     

     


     Témoignage. Un professeur licencié pour avoir retiré un crucifix de sa salle de classe.

     

    Défense de la neutralité religieuse

    Jusqu’en 2009, Valentin Abgottspon, enseignant en histoire, exerçait paisiblement ses fonctions dans un lycée public du canton de Valais, en Suisse. C’est à la fin 2009 qu’il décide de retirer le crucifix apposé au-dessus du tableau noir de sa salle de cours : « En 1990, la Cour fédérale suisse a rendu un arrêt selon lequel un crucifix dans une salle de cours d’un établissement public violait la neutralité religieuse dont l’État est garant », expliquait-il. Et de trancher, laconique : « Je l’ai donc rétablie moi-même ».

    Les ennuis commencent

    En 2010, le jeune enseignant se rend à une réunion avec le ministère de l’éducation du canton : « J’ai soulevé des questions concernant l’instruction religieuse et la prière pendant les heures scolaires », poursuivait-il en précisant que la loi du canton prescrit que « l’école publique doit préparer les élèves à leur tâche de personne et de chrétien ». Et d’interroger : « Qu’en est-il des enfants sans confession ou d’une autre religion? ».

    C’est à la rentrée scolaire qu’on lui demande de replacer le crucifix. Il refuse par deux fois et se fait licencier en octobre 2010.

    Depuis lors, le Conseil d’État (organe exécutif) du canton de Valais n’a toujours pas statué sur le caractère abusif du licenciement : « Il est scandaleux que des citoyens faisant preuve d’esprit critique et défendant leurs droits, soient menacés de mort sociale et pécuniaire », concluait-il.

    MT

     

    Valentin Abgottspon a récemment retrouvé un poste d’enseignant dans un canton voisin.

     


     

    Entretien. Face à la droite religieuse américaine.

    Un combat acharné

    David Silverman, un des représentants des États-Unis au Congrès d’Oslo, est président de l’association American Atheists, qui milite contre le sectarisme de la droite religieuse américaine.

    Quelle est la situation aux États-Unis?

    Bien que l’athéisme reste très impopulaire dans notre pays, les choses sont en train de changer ; notre voix se fait entendre plus que jamais. Des gens célèbres, qui n’auraient jamais osé s’exprimer publiquement auparavant, n’hésitent pas à proclamer leurs idées haut et fort dans les médias. L’Europe est encore très en avance sur nous, même si j’ai pu constater l’offensive grandissante que la laïcité subit sur le Vieux Continent.

    Quels sont les enjeux actuels pour votre organisation?

    Notre premier objectif est de faire en sorte que les athées soient acceptés dans la société américaine. Notre réputation négative est savamment entretenue par les prédicateurs et les lobbies politiques de la droite religieuse. C’est pourquoi les principaux groupes athées du pays ont décidé d’organiser un grand Rassemblement de la raison, qui se conclura par une marche sur Washington en mars 2012. Cela permettra non seulement de présenter le mouvement à l’opinion publique, mais aussi que chacun puisse se retrouver au mieux dans l’une des organisations qui l’incarnent.

    La laïcité fait pourtant partie de la Constitution des États-Unis…

    Certes, mais la droite religieuse tente toujours de nous retirer nos droits, de de réécrire l’histoire, restreindre la recherche scientifique et de dicter la politique du pays. À cet égard, American Atheists a été impliquée dans plusieurs procès visant à tenir les lobbies religieux en échec. À titre d’exemple, il convient de citer le récent procès contre « la Croix du Miracle », disposée à Ground Zero. C’est un morceau du World Trade Center ressemblant à une croix tordue. On l’a installée dans un musée financé par des fonds publics, avec un rituel religieux célébré par un prêtre. De telles actions sont illégales, nous avons donc porté l’affaire en justice. Ici, à Oslo, nous savons désormais que nous ne sommes pas seuls pour combattre le problème mondial de l’ignorance et des dogmes.

    entretien réalisé par m.t.

    David Silverman, président de l’association American Atheists, dirigera un grand rassemblement de la raison en mars prochain à Washington.

    MT

     


     

    Manifeste pour la liberté de conscience

    par  cilalp_france

     

    L’Humanité est née libre.

    La nature n’a créé ni titres, ni religions, ni Églises, ni censure, ni propriété.

    L’Humanité est devenue elle-même en sortant de la préhistoire dans un long combat contre les terribles épreuves de la planète qu’elle ne connaissait ni ne comprenait.

    Echappant peu à peu aux contraintes et aux entraves, y compris aux entraves et contraintes que l’Humanité avait créées, celle-ci dut, pour elle-même, affirmer ses droits.

    Les droits de l’Humanité ne se sont ni affirmés ni arrachés contre d’autres prétendus « droits », d’origine inconnue.

    Ils existent parce que l’Humanité existe.

    Les droits de l’Humanité sont des « vérités évidentes en elles –mêmes ».

    Le premier de ces droits, la première de ces libertés est le droit de penser librement.

    Cette liberté première et fondamentale s’appelle la liberté de conscience.

    En effet, avant les Églises, il y a l’Humanité.

    En effet, au dessus des Églises, il y a l’Humanité.

    Dieux, Églises, superstitions, dogmes sont des créations humaines et rien d’autre.

    Toujours plus de conscience

    « Plus de lumière ! »

    A des siècles de distance, nous faisons nôtre la dernière phrase de Goethe.

    La liberté de conscience, c’est la liberté pour l’Humanité d’examiner et de s’examiner.

    L’Humanité est faillible et perfectible parce qu’elle est dotée de raison, donc de critique.

    Ce que l’Humanité a fait, elle peut le défaire.

    Les générations successives ne peuvent s’enchaîner mutuellement et éternellement.

    A la différence des Églises, l’Humanité libre et consciente a refusé, refuse et refusera l’infaillibilité.

    Ce qui est bon pour les Papes n’est pas bon pour les hommes.

    L’Humanité est perfectible, c’est-à-dire qu’elle peut se corriger et s’améliorer ; elle ne considère pas le paradis comme un passé coupable et révolu ni comme un avenir inaccessible et mythique mais comme une action de tous les jours, permise par la liberté de conscience.

    Nous pouvons dire après Protagoras que « l‘homme est la mesure de toute chose ».
    Le génie humain est illimité. Capable de diviser la plus petite des cellules de l’Univers, il est aussi capable de modifier sa propre structure, de partir à la conquête des planètes, de travailler sur l’origine du monde et de réfléchir à son propre avenir.
    Il est, hélas, capable de programmer sa propre destruction.

    Le destin de l’Humanité est le projet de l’Humanité et Prométhée, le révolté, a eu raison d’arracher le feu à ceux qui en étaient les possesseurs d’après la Mythologie pour le donner aux hommes. Il est la métaphore de l’humanité en lutte pour son émancipation.

    Affirmant la liberté de conscience, ce qui n’est pas autre chose que la liberté de l’Humanité, l’Humanité s’est heurtée toujours aux dogmes religieux.

    Chaque fois que l’Humanité a avancé, quelle que soit la manière, et qu’elle a affirmé ses droits, les Églises ont condamné.

     

    L’Histoire

    La liste des martyrs et des héros de la liberté de conscience dépasse très largement le bref rappel que nous pouvons faire ici.

    Socrate, fut condamné à la ciguë parce qu’il préconisait à la jeunesse de réfléchir par elle-même.

    Le philosophe de la Sorbonne, Abélard, fut mutilé car il estimait que son opinion propre valait celle des « pères ».

    Le scientifique Galilée fut condamné pour ne pas avoir professé des vérités conformes à la Bible mais produites de ses propres recherches.

    Il en fut de même pour Etienne Dolet, Giordano Bruno, Michel Servet., Vanino Vanini et bien d’autres.

    Quand le premier texte en Occident établissant des droits (la « Magna Carta » en Angleterre en 1215) fut rédigé,l’archevêque de Canterbery Langton qui avait soutenu ce texte fut suspendu par le Pape.

    La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, en France, fut condamnée par le Pape.

    Charles Bradlaugh, démocratiquement élu au Parlement de Westminster en 1880, a dû mener un long combat pour avoir le droit de siéger au Parlement sans avoir à prêter serment d’allégeance à la foi anglicane.

    Le pédagogue et libre-penseur d’Espagne Francisco Ferrer i Guardia fut fusillé en 1909 à la demande de la hiérarchie catholique.

    Le libre-penseur et libertin chevalier de la Barre a été exécuté sur l’ordre de l’Eglise et le dirigeant de la Libre-Pensée allemande, Max Sievers a été exécuté à Hambourg en 1943 par les nazis.

    La liste est bien longue …

    Elle témoigne du combat inlassable entre le dogme et la liberté de conscience.

    De nos jours

    Tout le monde voit que les Églises continuent à réprimer et persécuter les consciences. Les Églises n’ont pas changé.

    A titre d’exemples, au Pakistan, le Dr Younus Shaikh, accusé de blasphème a été condamné à mort en 2001 avant de pouvoir se réfugier en Europe après une campagne internationale de solidarité. Il a passé plus de 3 ans dans le couloir de la mort.

    Au Nigeria, le militant Leo Igwe a plusieurs fois été arrêté et brutalisé par la police pour avoir défendu les personnes accusées de « sorcellerie ». Il a été libéré en janvier 2011, après deux jours de détention, à la suite d’une campagne internationale en sa faveur.

    Le juge italien Luigi Tosti ne cesse de mener combat pour être rétabli dans l’ensemble de ses droits après avoir été révoqué parce qu’il avait refusé de tenir séance dans une salle de justice ornée d’un crucifix.

    La « Grande chambre », instance d’appel de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, saisie par le gouvernement Berlusconi, vient, le 18 mars 2011, de donner raison à l’État italien qui entend continuer à imposer la présence de crucifix dans les écoles publiques de la péninsule (affaire dite « Lautsi »).

    Nous pouvons prendre bien d’autres exemples, parmi lesquels la toute récente destruction d’oeuvres d’art à Avignon en France, par un commando catholique, parce qu’elles étaient jugées « blasphématoires ».

    Arracher, défendre ou rétablir la liberté de conscience

    Comme tout droit, la liberté de conscience doit être inscrite dans des textes, qu’ils soient des Déclarations, des Constitutions, des Lois ou des éléments juridiques. Dans certains pays, ces textes existent. Il s’agit du Premier amendement de la Constitution des États-Unis : « Le Congrès ne fera aucune loi accordant une préférence à une religion ou en interdisant le libre exercice, restreignant la liberté d’expression, la liberté de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis. » (1791), de la Loi de Séparation des Eglises et de l’Etat en France (1905) « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’Etat, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes », de l’article 3 de la Constitution du Mexique (1917) « ni acquisition, ni possession, ni administration de biens immobiliers pour l’Église, aucune personnalité juridique pour l’Église », du Portugal, de la Russie révolutionnaire en 1917, du référendum constitutionnel en Bolivie (2009), de la Constitution « intérimaire » du Népal (2007), entre autres.
    Il n’est pas superflu de rappeler que ces textes sont souvent malmenés et que leur défense ou leur rétablissement est nécessaire ; c’est le cas, par exemple, en France où tous les gouvernements depuis le gouvernement de Vichy ont violé la loi de Séparation.

    C’est pour cela que nous saluons tous les combats qui vont dans le sens de la liberté de conscience, parmi lesquels la récente abrogation du délit de blasphème au Royaume Uni. En Pologne, en mars 2010, Le magazine épiscopal Gosc Niedzielny et l’Archevêché de Katowice ont été condamnés pour avoir comparé la féministe Alicja Tysiac aux criminels nazis. D’autres exemples de victoire sont connus.

    Nous saluons les manifestations anticléricales en Pologne, en Italie ; nous saluons les dizaines de milliers de personnes défilant dans les rues de Beyrouth au Liban pour dire « La laïcité est la solution », dans un pays où le système est un mélange complexe de partage du pouvoir basé sur des quotas communautaires ; les milliers de manifestants en Tunisie reprenant à leur compte le mot d’ordre de « Laïcité = liberté et tolérance », « pour une Tunisie Laïque » ; les milliers de manifestants à Londres défilant lors de la visite du chef de l’Eglise catholique pour dire « Make the Pope pay » ; les manifestants laïques en Espagne …

    Sous toutes les latitudes, dans tous les continents, la forme est variable mais le fond est le même : l’exigence de la liberté de conscience !

    Nous combattons pour l’abrogation de tous les Concordats, contre toute guerre de religions et contre tout « choc des civilisations ».

    Réflexions

    Nos traditions et nos combats, incluant les motions et résolutions du Congrès mondial de la Libre-Pensée à Rome en 1904, sont le gage et la promesse de nos engagements.

    Dans la tradition du Congrès mondial de Rome en 1904, les présents ou représentés au Congrès mondial d’Oslo du 10 août 2011, fondant l’AILP (Association Internationale de la Libre Pensée) décident de mettre en œuvre deux campagnes, à savoir la vérité sur le financement des religions et la justice pour les victimes des Églises.

    Parce que nous sommes pour la liberté de conscience, ce qui implique la Séparation des Églises et de l’Etat, nous voulons que la clarté soit faite sur le financement des religions, sur cette « économie pourpre » qui grève les budgets des États aux dépens de la Santé, de l’Instruction, au profit de seuls destinataires qui se qualifient eux-mêmes de « spirituels »

    Nous voulons que justice soit rendue aux victimes des Églises.

    Justice n’est pas repentance.

    La repentance est une donnée religieuse qui n’engage que les Églises, se plaçant elles-mêmes au dessus des lois humaines.

    Nous voulons la justice, ce qui implique, en cas de culpabilité reconnue, des sanctions, y compris judiciaires, financières et morales.

    Justice pour les victimes des abus sexuels des Églises ; les abus sexuels des Églises se révélant être une institution de l’Institution.

    Justice pour les victimes des discriminations, du Quatrième Concile du Latran de 1215, condamnant les juifs au port de la rouelle, de l’Inquisition frappant juifs, musulmans ou « hérétiques ».

    Justice pour les peuples colonisés et « évangélisés », dépossédés de leurs droits et de leurs terres en Afrique, en Asie, en Amérique Latine, en Amérique du Nord. Pour reprendre les propos de J. Kenyatta « Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés : lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible. »

    Nous voulons la pleine liberté de la recherche scientifique, dans le respect de la conscience de chacun.

    Nous voulons le droit des femmes à disposer de leurs corps.

    Nous voulons la pleine séparation de l’instruction et de la religion. Libre aux familles d’apprendre ce qu’elles considèrent bon à leurs enfants, mais l’Instruction ne peut être l’œuvre que de l’École publique.

    Nous ne reprochons pas aux hommes leurs opinions.

    Nous reprochons aux institutions de vouloir imposer des opinions.

    Perspectives

    Nous, présents ou représentés au Congrès mondial de la Libre Pensée à Oslo, confrontés, à la fois, par nos recherches et par la situation à la question cruciale de la liberté de conscience, sans nous substituer aux associations et organisations, nationales et internationales quelles qu’elles soient, affirmons :

    - la liberté de conscience est constitutive de la démocratie ;

    - la liberté de conscience est constitutive de la libération de l’Humanité.

    Nous nous engageons à :

    - défendre partout et pour tous cette liberté

    manifester fraternellement et solennellement notre solidarité à tous ceux qui sont et seraient persécutés pour leurs opinions.

    -  demander à tous ceux qui se reconnaissent dans ce Manifeste de rejoindre ce combat.

    Ce Manifeste est soumis à discussion et proposé au vote du Congrès mondial de la Libre Pensée d’Oslo, qui se tiendra le 10 août 2011. Ce Congrès mondial se fixe pour objet de reconstituer une Association Internationale de la Libre Pensée.

     

     

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    Site du Comité international de liaison des athées et libres penseurs

    http://www.cilalp.org/

     

    Site de la Fédération Nationale de la Libre Pensée (France)

    http://www.fnlp.fr/

     

    ------------------------------------------------------------

     

    oslo ailp

    « Rythmes scolaires: le lapsus révélateur de Madame le ministre de l'Education Nationale...Meeting laïque Ste Tulle: 10 orateurs d'une seule et même voix: Abrogation de la loi Debré! Fonds publics à l'école publique; fonds privés à l'école privée! »
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