Notre langage n’est en effet qu’approximatif et il est si peu précis, même dans les sciences, que si l’on perd les phénomènes de vue, pour s’attacher aux mots, on est bien vite en dehors de la réalité(…). L’esprit a naturellement des tendances systématiques et c’est pour cela que l’on cherche à s’accorder plutôt sur les mots que sur les choses. C’est une mauvaise direction qui embrouille les questions (…)
Contre le culte de la personnalité
MESLIER & LENINE:
Le 12 avril 1917, Lénine "(...) fait adopter par le gouvernement un décret sur les monuments de la République qui prévoit d'enlever des monuments représentant des tsars et dignitaires tsaristes dénués de valeur artistique et des aigles tsaristes, de remplacer des inscriptions et d'ériger de nouveaux monuments. Lénine y revient dans les réunions du Conseil des 8, 17 et 30 juillet et morigène par télégramme les deux Commissaires chargés de l'affaire.
Près du Kremlin un obélisque de granit portait gravés les noms des tsars. Le gouvernement les fait remplacer par ceux de vingt révolutionnaires. La commission, où certains ont déjà des moeurs de courtisans, y glisse celui de Lénine. Il se raye de la liste, réduite à dix-neuf noms, qui illustrent sa volonté de situer la Révolution d'Octobre dans la continuité de tous les courants révolutionnaires, utopistes, anarchistes, sociaux-démocrates, populistes, communistes; Marx et Engels côtoient Bakounine, Lassalle, Bebel, Campanella, Thomas More, Fourier, Jaurès, Lavrov, Liebknecht, le curé Meslier, Mikhailovski, Plekhanov, Vaillant, Proudhon, Saint-Simon,Tchernychevski et Winstanley, le niveleur anglais de 1649(...)" __________________________ ______________________________________
in "LENINE 1870-1924" de Jean-Jacques MARIE, page 261 Edit: Balland
Poème paru en 1924 dans le n°1 de la revue Lef.
Quelques années plus tard, le 14 avril 1930, Maïakovski se suicidait, tandis que le stalinisme commençait à couvrir l’URSS de sa chape totalitaire.
Lénine n’est pas à vendre
On a vu dans nos journaux l’annonce suivante :
BUSTES DE V.I.LENINE en plâtre, en bronze, en marbre, en granit,grandeur nature ou deux fois grandeurnature, par rapport à l’original, avec permission de le reproduire et le répandre accordéepar la commission pour la perpétuation de lamémoire deV.I.LENINEDe l’œuvre du sculpteur S.D. MERKOULOVproposé par les éditions d’Etat aux organisations du parti, aux syndicats, aux administrations publiques, aux coopératives,etc.
CHAQUE EXEMPLAIRE DUMENT AUTORISEvisite et réception des commandes à la sectiondes éditions commerciales,4, rue Rojdestvenska, Moscou.
Des prospectus illustrés sont envoyés.
Gratuitement, sur simple demande.
Reproduction et contrefaçon sont punies par la loi.
Nous protestons.
Nous sommes d’accord avec les cheminots
De Riazan qui ont proposé au Décorateur de réaliser la salle Lénine de Leur club, sans buste ni portrait de Lénine , en disant : « Nous ne voulons pas d’icône. »
Nous insistons.
Ne faites pas de Lénine une estampille.
N’imprimez pas son portrait sur les affiches,les toiles cirées, les assiettes, les gobelets, les porte-cigares.
Ne le moulez pas dans le bronze.
Ne lui enlevez pas la démarche et le visage d’homme vivant qu’il a su conserver en dirigeant la marche de l’histoire.
Lénine est encore notre contemporain.
Il est parmi les vivants.
Nous avons besoin de Lénine vivant et non de Lénine mort.
Aussi.
Etudiez Lénine, ne le canonisez pas.
Ne créez pas un culte autour du nomd’un homme qui toute sa vie a lutté contre les cultes de toute espèce.
Ne faites pas de commerce avec les objets de ce culte.
Lénine n’est pas à vendre.
(paru en 1967aux Editions du Seuil dans le livre : « Les paroles qui ébranlèrent le monde », traduit et présenté par J.J. Marie.)
La liberté de la presse -Beaumarchais, Balzac, Marx, Londres, Camus etc...
Le mariage de Figaro (1784) Beaumarchais
«(…) pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit, ni de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. »
Pendant la Révolution, notamment, avec la rédaction des cahiers de doléance, le besoin populaire de s’informer et d’informer ne peut plus être contenu : les feuilles imprimées et journaux se multiplient. La constitution de 1791 reconnaît la liberté de la presse :
Art 11- La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi.
Art 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui (…) (1791)
BALZAC Splendeur et misère des courtisanes 1838
"Quiconque a trempé dans le journalisme, ou y trempe encore, est dans la nécessité cruelle de saluer les hommes qu'il méprise, de sourire à son meilleur ennemi, de pactiser avec les plus fétides bassesses, de se salir les doigts en voulant payer ses agresseurs avec leur monnaie. On s'habitue à voir faire le mal, à le laisser passer, on commence par l'approuver, on finit par le commettre. A la longue, l'âme, sans cesse maculée par de honteuses et continuelles transactions, s'amoindrit, le ressort des pensées nobles se rouille, les gonds de la banalité s'usent et tournent d'eux-mêmes.
(…) Les caractères se détrempent, les talents s'abâtardissent, la foi dans les belles œuvres s'envole. Tel qui voulait s'enorgueillir de ses pages se dépense en de tristes articles que sa conscience lui signale tôt ou tard comme de mauvaises actions. On était venu pour être un grand écrivain, on se trouve un impuissant folliculaire."
Karl Marx :
« Il ne s'agit pas de savoir si la liberté de la presse doit exister, puisqu'elle existe toujours. Il s'agit de savoir si la liberté de la presse est le privilège de quelques individus ou le privilège de l'esprit humain. »
« La vraie censure immanente à la liberté de la presse, c'est la critique; elle est le tribunal que la liberté de la presse se donne elle-même.
La liberté est l’essence de l’homme, à un point tel que même ses adversaires la réalisent, bien qu’ils en combattent la réalité : ils veulent s’approprier comme de la parure la plus précieuse ce qu’ils ont rejeté comme parure de la nature humaine.
Nul ne combat la liberté; il combat tout au plus la liberté des autres. Toute espèce de liberté a donc toujours existé, seulement tantôt comme privilège particulier, tantôt comme droit général.
[...] Il ne s'agit pas de savoir si la liberté de la presse doit exister, puisqu'elle existe toujours. Il s'agit de savoir si la liberté de la presse est le privilège de quelques individus ou le privilège de l'esprit humain. Il s'agit de savoir si ce qui est un tort pour les uns peut être un droit pour les autres [...]
La vraie censure immanente à la liberté de la presse, c'est la critique; elle est le tribunal que la liberté de la presse se donne elle-même.
La censure reconnaît elle-même qu'elle n'est pas un but en soi, qu'elle n'est rien de bon en soi, qu'elle est, par conséquent, fondée sur le principe: la fin justifie les moyens. Mais un but qui a besoin de moyens injustes, n'est pas un but juste [...]
Pour défendre la liberté dans un domaine quelconque, et même pour la comprendre, il me faut la saisir selon son caractère essentiel, sans considérer ses rapports extérieurs. Mais est-elle fidèle à son caractère, agit-elle conformément à la noblesse de sa nature, est-elle libre, la presse qui se rabaisse au rang d'un métier? Il faut, certes, que l'écrivain ait des ressources pour pouvoir vivre et écrire, mais il ne faut aucunement qu'il vive et écrive pour gagner de l'argent.
Lorsque Béranger chante:
Je ne vis que pour faire des chansons,
Si vous m'ôtez ma place, Monseigneur,
Je ferai des chansons pour vivre,
cette menace renferme l'ironique aveu que le poète se prostitue dès que la poésie devient pour lui un moyen.
L'écrivain ne considère nullement ses travaux comme un moyen. Ses travaux sont une fin en soi. Il y voit si peu un moyen pour lui et pour les autres qu'il sacrifie, si besoin est, sa propre existence à l'existence de ses travaux et qu'il fait sien, bien que d'une manière toute différente, le principe du prédicateur religieux: obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. Il fait lui-même partie de ces hommes, avec ses besoins humains, ses désirs humains [...] La première liberté de la presse, c'est de ne pas être un métier. L'écrivain qui la rabaisse jusqu'à en faire un moyen matériel mérite d'être puni de cette servitude intérieure par la servitude extérieure; autrement dit la censure, ou plutôt : sa punition, c'est précisément l'existence de la censure.
Source: Rheinische Zeitung, 1842. MEW, I, p.51, 54,60,70 sq.
Contre la censure (surnommée Anastasia cf Albert Londres), et le « bourrage de crâne » mais aussi contre les plumes vendues au plus offrant (cf Balzac et Marx)!
La charte du journaliste (1918)
« Un journaliste digne de ce nom prend la responsabilité de tous ses écrits même anonymes :
- tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents ; la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ;
- ne reconnaît que la production de ses pages souveraine en matière d’honneur professionnel ;
- n’accepte que des missions compatibles avec la dignité professionnelle ;
- s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaires, d’user de moyens déloyaux ; pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de quiconque ;
- ne touche pas d’argent dans un service public ou une entreprise privée où sa qualité ; de journaliste, ses influences, ses relations seraient susceptibles d’être exploitées ;
- ne signe pas de son nom des articles de réclame, commerciale ou financière ;
- ne commet aucun plagiat, cite les confrères dont il reproduit un texte quelconque ;
- ne sollicite pas la place d’un confrère, ni ne provoque son renvoi en offrant de travailler à des conditions inférieures ;
- garde le secret professionnel ;
- n’use pas de la liberté de la presse dans une intention intéressée ;
- revendique la liberté de publier honnêtement ses informations ;
- tient le scrupule et le souci de la justice pour des règles premières ;
- ne confond pas son rôle avec celui du policier. »
LE MANIFESTE D'ALBERT CAMUS (1939), censuré!
Il est difficile aujourd'hui d'évoquer la liberté de la presse sans être taxé d'extravagance, accusé d'être Mata-Hari, de se voir convaincre d'être le neveu de Staline.
Pourtant cette liberté parmi d'autres n'est qu'un des visages de la liberté tout court et l'on comprendra notre obstination à la défendre si l'on veut bien admettre qu'il n'y a point d'autre façon de gagner réellement la guerre.
Certes, toute liberté a ses limites. Encore faut-il qu'elles soient librement reconnues. Sur les obstacles qui sont apportés aujourd'hui à la liberté de pensée, nous avons d'ailleurs dit tout ce que nous avons pu dire et nous dirons encore, et à satiété, tout ce qu'il nous sera possible de dire. En particulier, nous ne nous étonnerons jamais assez, le principe de la censure une fois imposé, que la reproduction des textes publiés en France et visés par les censeurs métropolitains soit interdite au Soir républicain - le journal, publié à Alger, dont Albert Camus était rédacteur en chef à l'époque - , par exemple. Le fait qu'à cet égard un journal dépend de l'humeur ou de la compétence d'un homme démontre mieux qu'autre chose le degré d'inconscience où nous sommes parvenus.
Un des bons préceptes d'une philosophie digne de ce nom est de ne jamais se répandre en lamentations inutiles en face d'un état de fait qui ne peut plus être évité. La question en France n'est plus aujourd'hui de savoir comment préserver les libertés de la presse. Elle est de chercher comment, en face de la suppression de ces libertés, un journaliste peut rester libre. Le problème n'intéresse plus la collectivité. Il concerne l'individu.
Et justement ce qu'il nous plairait de définir ici, ce sont les conditions et les moyens par lesquels, au sein même de la guerre et de ses servitudes, la liberté peut être, non seulement préservée, mais encore manifestée. Ces moyens sont au nombre de quatre : la lucidité, le refus, l'ironie et l'obstination. La lucidité suppose la résistance aux entraînements de la haine et au culte de la fatalité. Dans le monde de notre expérience, il est certain que tout peut être évité. La guerre elle-même, qui est un phénomène humain, peut être à tous les moments évitée ou arrêtée par des moyens humains. Il suffit de connaître l'histoire des dernières années de la politique européenne pour être certains que la guerre, quelle qu'elle soit, a des causes évidentes. Cette vue claire des choses exclut la haine aveugle et le désespoir qui laisse faire. Un journaliste libre, en 1939, ne désespère pas et lutte pour ce qu'il croit vrai comme si son action pouvait influer sur le cours des événements. Il ne publie rien qui puisse exciter à la haine ou provoquer le désespoir. Tout cela est en son pouvoir.
En face de la marée montante de la bêtise, il est nécessaire également d'opposer quelques refus. Toutes les contraintes du monde ne feront pas qu'un esprit un peu propre accepte d'être malhonnête. Or, et pour peu qu'on connaisse le mécanisme des informations, il est facile de s'assurer de l'authenticité d'une nouvelle. C'est à cela qu'un journaliste libre doit donner toute son attention. Car, s'il ne peut dire tout ce qu'il pense, il lui est possible de ne pas dire ce qu'il ne pense pas ou qu'il croit faux. Et c'est ainsi qu'un journal libre se mesure autant à ce qu'il dit qu'à ce qu'il ne dit pas. Cette liberté toute négative est, de loin, la plus importante de toutes, si l'on sait la maintenir. Car elle prépare l'avènement de la vraie liberté. En conséquence, un journal indépendant donne l'origine de ses informations, aide le public à les évaluer, répudie le bourrage de crâne, supprime les invectives, pallie par des commentaires l'uniformisation des informationset, en bref, sert la vérité dans la mesure humaine de ses forces. Cette mesure, si relative qu'elle soit, lui permet du moins de refuser ce qu'aucune force au monde ne pourrait lui faire accepter : servir le mensonge.
Nous en venons ainsi à l'ironie. On peut poser en principe qu'un esprit qui a le goût et les moyens d'imposer la contrainte est imperméable à l'ironie. On ne voit pas Hitler, pour ne prendre qu'un exemple parmi d'autres, utiliser l'ironie socratique. Il reste donc que l'ironie demeure une arme sans précédent contre les trop puissants. Elle complète le refus en ce sens qu'elle permet, non plus de rejeter ce qui est faux, mais de dire souvent ce qui est vrai. Un journaliste libre, en 1939, ne se fait pas trop d'illusions sur l'intelligence de ceux qui l'oppriment. Il est pessimiste en ce qui regarde l'homme. Une vérité énoncée sur un ton dogmatique est censurée neuf fois sur dix. La même vérité dite plaisamment ne l'est que cinq fois sur dix. Cette disposition figure assez exactement les possibilités de l'intelligence humaine. Elle explique également que des journaux français comme Le Merle ou Le Canard enchaîné puissent publier régulièrement les courageux articles que l'on sait. Un journaliste libre, en 1939, est donc nécessairement ironique, encore que ce soit souvent à son corps défendant. Mais la vérité et la liberté sont des maîtresses exigeantes puisqu'elles ont peu d'amants.
Cette attitude d'esprit brièvement définie, il est évident qu'elle ne saurait se soutenir efficacement sans un minimum d'obstination. Bien des obstacles sont mis à la liberté d'expression. Ce ne sont pas les plus sévères qui peuvent décourager un esprit. Car les menaces, les suspensions, les poursuites obtiennent généralement en France l'effet contraire à celui qu'on se propose. Mais il faut convenir qu'il est des obstacles décourageants : la constance dans la sottise, la veulerie organisée, l'inintelligence agressive, et nous en passons. Là est le grand obstacle dont il faut triompher. L'obstination est ici vertu cardinale. Par un paradoxe curieux mais évident, elle se met alors au service de l'objectivité et de la tolérance.
Voici donc un ensemble de règles pour préserver la liberté jusqu'au sein de la servitude. Et après ?, dira-t-on. Après ? Ne soyons pas trop pressés. Si seulement chaque Français voulait bien maintenir dans sa sphère tout ce qu'il croit vrai et juste, s'il voulait aider pour sa faible part au maintien de la liberté, résister à l'abandon et faire connaître sa volonté, alors et alors seulement cette guerre serait gagnée, au sens profond du mot.
Oui, c'est souvent à son corps défendant qu'un esprit libre de ce siècle fait sentir son ironie. Que trouver de plaisant dans ce monde enflammé ? Mais la vertu de l'homme est de se maintenir en face de tout ce qui le nie. Personne ne veut recommencer dans vingt-cinq ans la double expérience de 1914 et de 1939. Il faut donc essayer une méthode encore toute nouvelle qui serait la justice et la générosité. Mais celles-ci ne s'expriment que dans des coeurs déjà libres et dans les esprits encore clairvoyants. Former ces coeurs et ces esprits, les réveiller plutôt, c'est la tâche à la fois modeste et ambitieuse qui revient à l'homme indépendant. Il faut s'y tenir sans voir plus avant. L'histoire tiendra ou ne tiendra pas compte de ces efforts. Mais ils auront été faits.
DANTON - Pour l'instruction gratuite
Après la gloire de donner la liberté à la France... il n'en est pas de plus grande que de préparer aux générations futures une éducation digne de la liberté. Si nous ne décrétons pas l'éducation impérative, nous ne devons pas priver les enfants du pauvre de l'éducation...
La plus grande objection est celle de la finance : mais j'ai déjà dit qu'il n'y a point de dépense réelle là où est le bon emploi pour l'intérêt public ... Quand vous semez dans le vaste champ de la République, vous ne devez pas compter le prix de la semence.
Après le pain, l'éducation est le premier besoin du peuple ...
Allons donc à l'instruction commune ; tout se rétrécit dans l'éducation domestique, tout s'agrandit dans l'éducation commune.. On a fait une objection en présentant le tableau des affections paternelles ; et moi aussi, je suis père... Et bien, quand je considère ma personne relativement au bien général, je me sens élevé ; mon fils ne m'appartient pas, il est à la République, c'est à elle de dicter ses devoirs pour qu'il la serve bien.
Je demande que, sauf les modifications nécessaires, vous décrétiez qu'il y aura des établissement nationaux où les enfants seront instruits, nourris et logés gratuitement, et des classes où les citoyens qui voudront garder leurs enfants chez eux, pourront les envoyer s'instruire."
(Séance de la Convention du 13-8-1793)
Instruction publique et instruction familiale
Il est temps de rétablir ce grand principe qu'on semble méconnaître : que les enfants appartiennent à la République avant d'appartenir à leurs parents. Personne plus que moi ne respecte la nature. Mais l'intérêt social exige que là seulement doivent se réunir les affections.
Et que doit-donc nous importer la raison d'un individu devant la raison nationale ?... C'est dans les écoles nationales que l'enfant doit sucer le lait républicain. La République est Une et Indivisible. L'instruction publique aussi doit se rapporter à ce Centre d'unité.
(12-2-1793)
CONTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS: HUGO
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules.
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement,
dans la même prison, le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête, jamais on ne joue.
Aussi, quelle pâleur! La cendre est sur leurs joues.
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit sa richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil!
Progrès dont on demande: Où va-t-il? Que veut-il?"
Qui brise la jeunesse en fleur, qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la vertu à l'homme!
UNICEF
Rapport : La Situation des enfants dans le monde, 1997, les enfants au travail.
“Un travail inoffensif pour les adultes peut être extrêmement nocif pour les enfants. Le travail peut compromettre les aspects suivants du développement de l’enfant: son développement physique, notamment dans son état de santé général, dans la coordination, dans la force, dans la vision et dans l’ouïe; son développement cognitif lecture, écriture et calcul; son développement psychologique (...). Les atteintes physiques sont bien sûr les plus faciles à constater. Porter de lourdes charges ou rester assis pendant de longues heures dans des positions peu naturelles risque de handicaper définitivement des corps en pleine croissance.”
EXTRAIT DU CONTE : « ZADIG » DE VOLTAIRE
Il y avait une grande querelle dans Babylone, qui durait depuis quinze cents années, et qui partageait l'empire en deux sectes opiniâtres: l'une prétendait qu'il ne fallait jamais entrer dans le temple de Mithra que du pied gauche; l'autre avait cette coutume en abomination, et n'entrait jamais que du pied droit. On attendait le jour de la fête solennelle du feu sacré pour savoir quelle secte serait favorisée par Zadig. L'univers avait les yeux sur ses deux pieds, et toute la ville était en agitation et en suspens. Zadig entra dans le temple en sautant à pieds joints, et il prouva ensuite, par un discours éloquent, que le Dieu du ciel et de la terre, qui n'a acception de personne, ne fait pas plus de cas de la jambe gauche que de la jambe droite.(…)Il termina aussi heureusement le grand procès entre les mages blancs et les mages noirs. Les blancs soutenaient que c'était une impiété de se tourner, en priant Dieu, vers l'orient d'hiver; les noirs assuraient que Dieu avait en horreur les prières des hommes qui se tournaient vers le couchant d'été. Zadig ordonna qu'on se tournât comme on voudrait. (…)Pierre Bayle écrit pour la tolérance entre religions, reconnaît l’innocuité de l'athéisme et pour finir réclamera l'Etat laïque.
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